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le carnet vert
21 juin 2012

l'homme normal

En descendant prendre mon train, l’autre soir, j’ai croisé un type sans signe particulier, normal, b… NON. Normal, ça n’existe pas. N’en déplaise à notre bien aimé président. Chacun a sa part d’anormalité. Moi le premier, vous pouvez me croire. Bref, le type n’offrait à première vue aucune particularité notable, si ce n’est qu’il tenait à la main gauche un petit bouquet de fleurs.

Oui, je descends pour prendre mon train. Je travaille dans une ville pentue, c’est pour ça. J’espère que cela n’indispose personne.

Je suppose que le type normal se disposait à offrir des fleurs. Puisqu’il en était pourvu. Un petit bouquet. C’est peut-être bien le fait que le bouquet soit petit qui m’a intrigué. Peut-être qu’avec un grand bouquet, de glaïeuls par exemple, il aurait eu l’air d’un con, allez savoir. Là, non. Je me plus simplement à croire qu’une dulcinée, quelque part, en serait émue. Il y a de ça plusieurs jours. Il se peut même agglutinés en semaines, les jours. N’empêche que l’idée me trotte dans la tête depuis plusieurs nuits : et si ce bonhomme avec ses fleurs était le point de départ d’une prochaine histoire. Je ne sais pas où il allait, à qui il destinait son bouquet, où, quand, comment. À moi de l’inventer. Quand j’aurai achevé l’histoire en cours, évidemment. Je ne dois pas me disperser non plus.

Je ne sais pas ce que c’était, les fleurs. Je n’ai pas fait attention. J’ai beau me repasser le film, c’est flou. Tant pis. Trop grandes pour être des violettes. Trop petites pour être des glaïeuls. Des fleurs, voilà tout.

Je ne sais pas ce qui m’a pris de choisir d’écrire par deux fois, non trois, le mot glaïeul, avec son fichu tréma sur le i, comme si ça changeait quoi que ce soit à la prononciation. On m’objectera peut-être qu’on s’en fiche du tréma, que sur le web personne n’y fait attention, etc. Moi si. Je fais attention. Notamment que je tape sur Word, et que le machin me souligne méchamment le mot en rouge en l’absence du tréma fatidique. Ça fait tache, je trouve.

J’ai parlé d’un petit bouquet. Le bouquet du mec n’était pas étriqué, loin de là. Il n’avait pas l’intention manifeste de se payer la tête de Dulcinée. À moins qu’elle n’aimât point les fleurs. Le bouquet était petit, selon mes critères, parce que les fleurs étaient courtes, mais moins que des violettes ou des pâquerettes. Il n’y a pas qu’avec les petits pots de moutarde qu’on a l’air d’un con (tsoin tsoin), avec les bouquets d’iridacées du genre gladiolus aussi. Le type normal a dû s’en douter. Si ça se trouve, il avait même le secret espoir de passer inaperçu, tel un espion en plein roman de John Le Carré. Mais avec un bouquet à la main, vous pensez. Même petit. Passant devant un anormal friand de détails ineptes et envisageant d’en faire des pages et des pages.

Lorsque le train est entré en gare, je n’y pensais plus, mais me laissai aussitôt accaparer par la lecture d’un livre désopilant. Un quart d’heure de délire après une journée de boulot, c’est un peu le repos du guerrier. En tous cas, j’espère quand même qu’elle ne lui a pas jeté son bouquet à la figure, au type normal, ce serait dommage.

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Commentaires
P
Bleck : je sais pas. Pas envie d'en faire un innocent. Non je ne sais pas.
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B
Je suis convaincu que l'on peut tout faire avec un bouquet dans les mains... Un peu le syndrôme de la vache et le prisonnier si tu vois ce que je veux dire... Rien de plus innocent qu'un homme portant un bouquet !<br /> <br /> <br /> <br /> Bleck
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P
Calou : au contraire, tu n'as plus qu'à continuer l'histoire à ta sauce. 300 pages, ce n'est rien à faire.
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C
avec insistance...pourtant, il en était sûr, il ne le connaissait pas ...La soirée avançant, il sirota un puis deux verres de vin, hésita longuement entre la crêpe surgelée Findus et le croque monsieur Herta, et se surprit, tout en réchauffant son plat,à penser à nouveau à ce type, à la sortie du train...Un détail lui revint:ce gars avait sous le bras un livre, "La fille noire du Mississipi", ce même livre que Dorine lisait la semaine où elle l'avait quitté.<br /> <br /> <br /> <br /> PS promis, dorénavant, je ne m'étalerai plus dans les coms :-)
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C
c'était peut-être pour déposer sur la tombe de quelqu'un ou pour aller rendre visite à un malade ou parce que, ce jour-là, triste et seul, il s'est dit: " je vais m'offrir des fleurs, vu qu'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même". Ensuite, il est rentré chez lui, dans son petit Deux pièces du centre ville, il a déposé les fleurs dans un vase, mais c'était pas plus gai pour autant. Il a repensé au gars qui sortait du train et l'avait regardé avec iininssistnace
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