une branche de cèdre
La tempête est restée au loin. Pourtant la radio, la télé. Par la fenêtre je vois danser une branche du cèdre, une danse lente et sensuelle, pas de soubresauts intempestifs. Le ciel s’éclaire. Je n’en vois pas la cause, mais soudain voilà que je pense aux angoisses qui me taraudent, au poids des valises, appelons ça comme on veut. Il suffit d’un coup de fil pour prendre innocemment des nouvelles, et les craintes m’assaillent. Il suffira peut-être d’un coup de fil pour m’en défaire. Je sais bien que le jour n’est jamais tout à fait le même que celui de la veille. Je sais bien que les étoiles s’éteignent peu à peu. Je sais bien qu’au fur et à mesure d’autres apparaissent et nous éclairent différemment. Tout semble immuable mais rien ne l’est vraiment. Nous parlions de petits déjeuners. Nos goûts respectifs, ce genre de choses. J’aime un grand bol de café noir sans sucre, dans lequel je trempe avec gourmandise mes tartines de confiture maison. Il me le faut pur arabica. Mais je sais qu’un jour j’aurai la nostalgie des jours perdus où je pestais sur la saveur du robusta qui m’était désagréable, avalé en fermant les yeux devant l’étroite table carrelée de la cuisine.