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le carnet vert
25 juin 2011

départ

J’aime ce chemin qui s’élance à travers pré, juste en contrebas du cimetière. Peut-être parce qu’il disparaît dans un repli du terrain, avec sa part de mystère.

J’aime le paysage qui s’ouvre devant moi.

 

Le silence s’est fait autour de vous.

Nous vous entourons. Nous. Les hommes et les femmes. Les vôtres.

 

Je profite du silence.

Je regarde autour de moi. Au-delà des murs.

Le vert des prés et le bleu du ciel. Pas un bleu implacable comme parfois en ce moment. Juste le bleu d’une belle journée de début d’été. La douceur. Plus tard, pour le repas, certains feront les malins et resteront sur la terrasse. En plein soleil. Ils verront. Ils ruisselleront. Les visages seront rouges. Le vin chauffera dans les verres. Parfois je viendrai près d’eux quelques minutes. Pour le plaisir du paysage. Pour le plaisir d’observer le manège des hirondelles dont les nids ornent la vieille charpente.

 

Je regarde autour de moi. J’écoute le silence. Seulement habité par le chant des oiseaux, qu’ils soient merles ou bergeronnettes.

Je me fonds dans le paysage. J’aime faire ça.

J’aime ce paysage, ces collines hérissées d’épicéas qui dissimulent les montagnes proches. La plaine qui s’étend devant nous, jusqu’à cette autre chaîne qui bleuit dans le lointain. Le vignoble, qu’on ne voit pas de là, mais que je devine proche et qui dit l’opulence des bâtisses du village, son église majestueuse de pierre blonde et de tuiles vernissées. Sur ma droite, à quelques centaines de mètres, je remarque une colline à l’aspect aride tranchant sur le reste du décor, un chaos granitique coiffant la maigre végétation.

 

J’aime m’approprier ce paysage pour quelques instants.

Comme vous vous l’êtes approprié depuis longtemps, n’est-ce pas ? J’imagine volontiers de longues méditations devant cette beauté.

Vous aimiez ce paysage, n’est-ce pas ? Le vôtre.

 

J’aime cet instant calme dans un morceau de monde. Tandis que le silence, autour de vous.

Les hommes et les femmes se mettent en mouvement. Nous. Une ultime fois. Certains font des signes avec la main. Certains s’inclinent. Une jeune femme embrasse le bois luisant. Votre petite fille.

Je pose la main sur le cercueil. La chaleur irradie de ma paume. C’est mon salut.

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Commentaires
P
Fabienne, tes mots me comblent.
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F
Belle sobriété du texte en accord avec le sujet...<br /> J'aime beaucoup le dernier paragraphe, tout d'émotion contenue.
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le carnet vert
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