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le carnet vert
3 mai 2011

derrière la bourse

J’avais trouvé place à la terrasse d’un café. En fait quelques guéridons à l’ancienne, avec des chaises cannées quelque peu inconfortables, le tout disposé à même l’asphalte du trottoir. Ça ne fondait pas car j’étais à l’ombre. Mais.

Il faisait chaud, je peux le dire. Bien qu’en avril.

Je sirotais un café.

En fait j’avais siroté. Ma tasse était vide. Je préfère boire le café presque brûlant. C’est pourquoi je n’aime généralement pas celui qui sort des machines à capsules.

J’avais ouvert mon livre et je lus quelques pages. Quelques lignes ? Quelques mots ? Des bribes. Je tentai de lire. Sans succès. Mais je tenais le roman ouvert devant moi, un livre de poche à l’humour écossais, dont la couverture finissait par être assez écornée. Cela me donnait une contenance.

À chaque vrombissement je sursautais. Ne pouvais pas m’en empêcher. Ne parvenais pas à m’habituer. C’est que terrasse de café à l’angle de la rue du Quatre Septembre et de la rue Notre-Dame-des-Victoires.

Quartier fourmillant, vibrionnant, me donnant le vertige à coup sûr.

Au feu vert, départ hurlant, à fond la caisse, des hordes de deux roues. Misère ! Pour aller s’arrêter en pilant au feu suivant (rue Montmartre) à cinquante mètres de là. Je me demandais à quoi cela pouvait rimer, je me répondais à rien, tout en m’amusant à baisser le regard. Je n’étais pas armé. Mais regarder comme en filmant, les pieds des gens à quelques centimètres de moi. La vitesse de leurs pas affairés.

Un quartier sans charme, que finalement, le temps d’un espresso, j’en venais à aimer. Je me suis étonné de ça. Le bruit. Les odeurs presque nauséabondes. Tous ces gens pressés. Pour qui pour quoi. Et leurs costumes convenus, quasiment des uniformes.

Je fermai mon livre, le rangeai dans ma sacoche. J’avais payé. Je pouvais me lever et me diriger en piéton de Paris vers le lieu de mon rendez-vous. J’étais content. J’avais vu. Senti. Entendu. J’avais enregistré.

Des impressions, fugitives comme la vie de la rue. Et que j’aime noter dans mon carnet.

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Commentaires
P
Laure : fondu mais pas trop enchaîné, enfin j'espère.<br /> <br /> Bleck : Oui, Paris. Bien sûr. Si belle et si laide à la fois. J'aime.<br /> <br /> Syl : c'est mieux que d'être acteur, c'est sûr.
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S
Etre spectateur dans ce cas-là est une bénédiction !
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B
Je rejoins l'avis de Laure. J'aime cette écriture simple et directe, l'expression d'un moment choisi et apprécié sans fioritures.<br /> <br /> Et puis Paris, Paris, bien sûr...<br /> <br /> Bleck
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L
j'aime cette écriture là. Mordant dans le présent comme dans une pomme. le pavé palpitant et toi au dessus, fondu et enchainé, en somme.<br /> Et puis Paris, Paris, bien sûr...
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