baptême
On dit qu’avec l’âge on devient sage. On dit qu’on en a vu d’autres. On dit qu’on est stoïque.
C’est des conneries, tout ça.
Chaque jour qui passe apporte son lot d’émotions et on est parfois désemparé comme un enfant. L’âge n’a rien à y voir.
Je ne pense pas être cardiaque. Ça tombe bien. Parce que les émotions. Elles sont plutôt du genre à me submerger. A me donner des coups là où ça suffoque.
J’ai cliqué naïvement sur un lien dans ma boîte à lettres, une invitation d’une amie à aller consulter un diaporama. Je pensais qu’il s’agissait du baptême de son petit-fils. Je me disposais à regarder cela avec tendresse. Et puis.
Il s’agissait bien d’un baptême. Mais pas de son petit-fils. Le baptême de ma propre fille. Des images vieilles de près de trente ans. Des images toute piquetées des traces sur les négatifs. Des en couleurs, d’autres en noir et blanc. Le baptême. Les festivités qui s’ensuivaient. D’autres images encore. De nous. D’eux. Des enfants, les nôtres. De notre maison, celle de maintenant, mais avant la rénovation. De celle aussi que nous louions auparavant. De leur appartement où nous étions de passage. Tous ces moments vécus ensemble, entre amis, il y a si longtemps, quand on était sveltes, je parle pour les hommes, et que les enfants nous faisaient des sourires confiants.
J’ai appelé Elle. Viens voir. Elle montait se coucher. Elle est redescendue en ronchonnant. Elle a regardé les photos. Elle n’a pas compris tout de suite. Elle a regardé encore. Puis elle m’a regardé. Ses yeux comme les miens étaient tout embués.