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le carnet vert
26 mars 2010

avec mes yeux

Avec mes yeux

Je voudrais que tu puisses voir la ville avec mes yeux.

Cette ville-là.

Toi.

Avec mes yeux.

C’est folie, n’est-ce pas ?

Pourtant, si nous le voulons, un jour nous nous rencontrerons, par exemple là où convergent les trains qui viennent de l’océan. Nous nous reconnaitrons sans besoin des mots.  Je t’emmènerai boire un café près de la gare, histoire de t’acclimater.

Ensuite nous remonterons l’avenue du Maine, nous emprunterons la rue de la Gaîté, nous détaillerons les affiches des théâtres, nous aurons envie de spectacle, peut-être que sur le boulevard Quinet il y aura encore le marché, puis par les rues Delambre et Vavin, nous gagnerons le centre ville. Oui je sais, ça va te faire rire, et ça fait rire tout le monde, que je dise le centre ville, parce que Paris. Mais Paris a bien un centre, non. La ville tout entière n’est pas un centre, même si elle se croit le centre du monde.

Peut-être que quand nous serons au centre, quelque part dans le quartier latin, ou vers l’Odéon, ou encore dans le Marais, peut-être à ce moment là nous apercevrons nous que nous avons faim. Il ne faut pas attendre trop, pour avoir faim, ou alors il faut avoir pensé à réserver notre table, parce qu’à Paris.

Nous nous dirons tout. Quand je dis tout, c’est tout ce qu’on veut. Pas le reste. Les mots viennent quand ils veulent. Les oreilles sont là pour les recevoir.

Et puis nous marcherons encore.

Je te montrerai la place des Vosges et les cours du faubourg Saint-Antoine qui sentent encore parfois le bois et l’encaustique, et le viaduc des arts et la promenade plantée et la vigne de Bercy et la grande bibliothèque.

Nous éviterons les touristes. Touristes nous ne serons pas.

Peut-être qu’un de nous aura en poche une adresse inconnue, un endroit pour acheter ceci ou cela et nous devrons regarder le plan et découvrir un quartier que je n’ai encore jamais arpenté. Alors ce sera notre quartier.

Lorsque nous serons sur la Butte aux Cailles, parce que je voudrai t’y emmener bien sûr, je te prendrai par la main. Non pas parce que nous serons amoureux, cela ne se peut pas. Mais en cela nous créerons une sorte de courant qui te permettra de sentir avec mon nez les odeurs de ce quartier villageois, et par lui tu verras avec mes yeux les traces d’art éphémère qui ornent les murs et que j’aime tant.

Il y aura bien un moment où nous aurons mal aux pieds, n’est-ce pas, après avoir tant marché. Alors nous chercherons un café. Je n’en ai pas dans ma musette. Ceux que je connaissais ont changé ou ont disparu. Il nous faudra en chercher un et ce sera le nôtre. Je t’offrirai une bière ou autre chose, nous trouverons une légère ivresse d’avant départ.

Puis nous nous rendrons à la gare. Je te regarderai bien, mon amie, pour être bien sûr que tu as vu avec mes yeux, et nous nous dirons à la prochaine fois.

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Commentaires
S
Une bien belle invitation que voilà !
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C
Je n'ai jamais pensé que Paris avait un centre mais j'ai arpenté et j'arpenterai encore ces rues comme on découvre un pays connu et à venir.
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P
Fabienne : merci. Ce texte a jailli comme ça, paf, a été publié dasn la foulée. Me suis pas relu.<br /> <br /> Pakita : dans deux semaines :-)<br /> <br /> Luna : Bienvenue. A deux, c'est bien, n'est ce pas ?
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L
Bonjour, quelle belle ballade, j'en avais besoin...<br /> Moi,j'aime partager et découvrir une ville à deux.<br /> A bientôt, au plaisir de te lire.
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P
bon ben... j'arrive ! t'as les horaires des trains ?<br /> :-)
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