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le carnet vert
25 mars 2010

la douleur

Je nous revois, dans notre appartement de Lons, il me semble qu’il faisait beau, mais je ne suis sûr de rien. Oui, c’est cela, il faisait beau. Ce devait être un dimanche, ou peut-être un samedi. Parce que le soleil n’entrait dans le salon et dans la chambre que quelques instants dans le début de l’après-midi, les immeubles d’en face étaient tellement haut.

Je nous revois.

Je ne sais pas comment je fais pour avoir gardé ce souvenir-ci. C’est si loin. Et puis la douleur.

Je nous revois.

J’étais recroquevillé à même le plancher encaustiqué, dans le rayon oblique du soleil qui tombait de la fenêtre. J’étais tordu par la douleur. Je ne savais plus quoi faire. Je ne savais pas si je devais mordre ou bien pleurer ou crier ou hurler ou me taper la tête contre le mur. Je n’avais pas d’arme contre la douleur.

Je nous revois. J’étais blême. Enfin ça je ne le vois pas, mais je sais que j’étais blême et que je transpirais à grosses gouttes, que mes habits en étaient à tordre, eux aussi, j’avais froid, j’avais chaud, je ne sais pas. J’étais froid. Ça tu me l’as dit. Tu avais peur de ça.

Je te revois. Aimante, me passant inlassablement ta main tendre sur le front. Tu voulais m’apaiser, et je t’en suis éternellement reconnaissant, mais ça ne marchait pas, je continuais à me tordre par terre, les genoux et les coudes meurtris à force de vouloir s’enfoncer dans le plancher. On voudrait mourir, dans ces moments-là, en finir, et on a envie de pleurer, parce que, évidemment, on n’a pas fini, il y a encore tant à faire.

Je me vois encore, là. Je me tords de douleur, je mors l’oreiller, mon pyjama est trempé, je voudrais pleurer mais je n’y parviens pas. Ou vomir. Je n’y parviens pas non plus. Je gémis. Mourir, non, je n’y songe plus, je n’ai pas fini, il y a encore à faire et à aimer, à lire et à écrire, à se connecter au monde et à jouer les aimants. Je connais ma douleur. Je sais qu’elle partira comme elle est venue, que je n’en garderai qu’une fugitive cicatrice au milieu du ventre.

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Commentaires
P
Laurence : toutes les douleurs sont mauvaises à vivre, c'est vrai.
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L
douleur d'un deuil difficile à digérer, douleur physique, douleurs psychologique....
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P
Fabienne : bien rendu ? merci. Mais j'aurais préféré ne pas savoir.<br /> <br /> Bleck : ah ! pas de Pau.
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B
Houlà, plantage ! Je nommais Lons commune du 64 à proximité de Pau...<br /> <br /> Bleck
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F
Calculs dans la vésicule? Horrible! J'ai fait 3 ou 4 crises il y a 2 ans. <br /> Bien rendue cette scène de la douleur, incompréhension, perte de repères, angoisse.
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