chouette

Des fois, la nuit, je ne dors pas.

J’attends.

Je cherche le sommeil, et j’attends.

Je regarde le temps passer en chiffres verts lumineux sur l’écran du radio-réveil. Et j’écoute. J’écoute les bruits de la maison. Dans la mesure où ceux-ci parviennent à se signaler à mes tympans amorphes.

L’hiver, domine le bruit de soufflerie produit par le système de chauffage, alors il est difficile de percevoir autre chose, ou alors je ne tiens pas trop à démêler la bouillie sonore qui me parvient. Mais par chance, lorsque le chauffage se tait, cela arrive, je me délecte du silence. En fait je me rends vite compte que le silence n’est qu’illusion. J’entends craquer des parquets, des poutres, la toiture peut-être, et je me dis que la maison respire. Et puis il arrive que les loirs qui hibernent au dessus de nous se retournent dans leur sommeil, il me vient ainsi de menus grattements, à moins que quelque part ce soit une souris qui s’affaire. Enfin ces bruits-là se taisent, ou je cesse de me focaliser dessus pour porter mon attention aux bruits de l’extérieur. Si peu que le vent soit à l’ouest, on entend parfaitement le grondement des camions qui filent sur la nationale, c’est pourtant à cinq bons kilomètres de là, et les trains de fret qui s’engouffrent sous le tunnel, et ça, c’est beaucoup moins fréquent qu’avant, signe que le transport ferroviaire est bien malade.

Et puis il y a la chouette. Ou les chouettes. Je ne sais pas s’il y en a plusieurs. Sûrement. Il n’y a pas de raison. J’entends la chouette ululer dans les branches des noyers proches. Peut-être va-t-elle entrer dans la grange, peut-être nous débarrassera-t-elle d’un rongeur ou deux, une chouette c’est plus efficace qu’une tapette ou même qu’un chat.

Demain je saurai si la chouette est venue. Si c’est le cas, dans la grange je dénicherai une ou deux pelotes de réjection et à mon grand dam je trouverai les voitures souillées de longues traînées de fiente blanche.

Comments

[fabeli]

T'as des nuits plutôt chouettes ;))