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le carnet vert
23 mars 2009

la carte sans noms

Je traversais Montluçon et j’étais terrifié.

Je ne devrais pas écrire ça de cette façon, n’est-ce pas. Il conviendrait plutôt de dire que je me sentais terrifié alors que je traversais Montluçon. Il n’y avait pas de rapport de cause à effet. Parce que n’allons pas croire qu’il est terrifiant de traverser Montluçon. Pas du tout. Au contraire je trouve le passage par cette ville plutôt agréable, je suis sensible à son passé industriel qui affleure encore ici et là. Et puis c’est la seule ville de quelque importance que je suis amené à traverser lors de mes nombreux trajets longitudinaux.

Montluçon n’a rien d’une ville effrayante. Il n’est pas question ici de dissuader quiconque de s’y rendre en visite. Quant à savoir pourquoi ma frayeur s’y déclencha soudain…

C’était la première fois que j’éprouvais ce sentiment à Montluçon. Voire même n’importe où ailleurs.

Il y a peut-être un peu d’exagération dans les termes que j’emploie. Terrifié, effrayé, c’est très fort. Que je sache, je n’étais poursuivi par personne. Disons que j’ai été la proie d’un très fort malaise. Ponctuellement. A Montluçon.

Je nous revoyais, Elle et moi, penchés sur une carte routière. A moins que ce ne fut un atlas. Le fond était vert. Une contrée couverte de forêts y était vraisemblablement représentée. Je me souviens que nous stationnions sur le parking de l’hypermarché situé en bas de la descente, à l’entrée de la ville quand on vient de chez nous. Je veux dire à l’entrée de Montluçon. Il faisait nuit, alors, et nous avions allumé le plafonnier de la voiture. Je montrais à Elle l’itinéraire que j’envisageais. Elle mémorisait les noms des localités et les numéros des routes. Je lui faisais confiance. Je n’ai pas à me plaindre de ses qualités de co-pilote. La réciproque n’est pas forcément exacte.

Je m’apprêtais à passer le pont sur le Cher lorsque je me suis souvenu de cette scène. Alors mentalement j’ai entrepris de me remémorer les détails du voyage que nous faisions. J’avais une vision assez nette de cette carte routière. Toutefois je ne voyais pas les noms des lieux. Il n’y avait aucune trace dans ma mémoire de l’itinéraire que nous examinions. Juste la carte, là, étalée sur ses genoux (des genoux magnifiques, évidemment). A moins que ce ne fut un atlas. Alors je me mis à gamberger à toute allure, à évoquer méthodiquement toutes sortes de situations de voyage que nous avions vécues. Mais rien ne venait. Aucun nom. Aucun numéro de route. Rien. Le noir total. Et c’est cela qui était effrayant, la mémoire qui soudain désertait.

J’arrivais à la sortie de la ville. J’étais en vue du fameux hypermarché, en bas de la descente. En bas de la côte, plutôt, puisque j’allais en sens inverse. J’avais beau triturer mes méninges, rien ne venait. J’étais toujours terrifié. Et puis un doute s’est insinué. Lentement. Qui m’a apaisé progressivement. Et si …? Mais oui, bien sûr, c’était évident, cette situation là, la scène avec Elle penchée sur la carte routière, je l’avais rêvée, tout simplement, et des bribes de ce rêve me revenaient maintenant de manière étonnante.

Intérieurement j’ai ri de ma frayeur. Je me sentais maintenant soulagé. Oui, tout cela n’était qu’un rêve. Enfin j’espère.

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