la belle indienne

J’ouvre la carte Michelin du mauvais côté. C’est évident. On ne trouve jamais le bon pli du premier coup.

Je m’apprête à la retourner, mais mon œil s’attarde sur un point infime, quelque part le long des limites nord du département. Même pas un village, juste un lieu-dit, dont je n’ai rien de spécial à faire, sauf que son nom ne manque pas de m’intriguer à chaque fois que je le lis : La Belle Indienne.

Je suis passé là parfois, pas très souvent. L’endroit se trouve sur la route que nous empruntons pour aller vers Villandry ou Azay le Rideau. Ce n’est pas tous les jours que nous allons visiter les châteaux de la Loire.

La BelleIndienne est à peine un hameau. Quelques maisons grises sans caractère tapies dans l’ombre inquiétante d’immenses silos à grains. Quel nom étrange pour un tel endroit dépourvu de beauté. Ou alors il ne faut pas voir la beauté, comment dire, au premier degré, comme le charme qu’on peut éprouver devant un paysage bucolique. Il vaut mieux s’intéresser à des choses telles que le patrimoine industriel. A moins qu’on voie dans ce lieu planté au milieu de vastes horizons comme une évocation du Midwest. Pourquoi avoir baptisé ainsi ces quelques constructions jaillies au milieu de nulle part ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais je ne désespère pas de l’apprendre un jour. En attendant j’imagine… je ne sais pas ce que j’imagine, au juste. Pour moi, le nom évoque avec insistance quelque jolie huronne qu’un seigneur local aurait un jour ramenée sur sa caravelle. Je vois ses nattes sombres et ses robes chamarrées. Je vois la douleur du déracinement dans ses grands yeux sombres. Je dis n’importe quoi, je sais. J’imagine. Il y a de fortes chances pour que le nom n’ait rien à voir, mais on peut bien rêver.

Comments

[fabeli]

tu veux parler de Pocahontas? ça, c'est déjà écrit ;))