sous les tilleuls
Fille numéro 3 s’était fait une spécialité de l’histoire de l’art, qui constituait par conséquent une épreuve majeure dans le cadre du bac. Avec un méga coefficient. C’est pourquoi cet été-là, nous sillonnions les campagnes en nous fixant des objectifs culturels. Nous étions surtout guidés par la curiosité. Ainsi avons-nous visité quelques sites remarquables comme l’ancienne église romane
(ruinée) de Murbach, les dentelles sculptées de Thann, et puis des musées, comme par exemple à Epinal et à Colmar.
Ayant passé de nombreux étés dans la région lorsque j’étais enfant, sans compter les visites que nous rendions de temps en temps à tel ou tel membre de la famille, je me suis rendu compte avec effarement que je n’avais jamais mis les pieds dans la ville si proche. Je veux dire dans Colmar. C’est donc avec plaisir, et une once de recueillement, que nous avons arpenté les rues pavées et que nous nous sommes repus de la vue magnifique des vieilles maisons à pans de bois.
Mais rien n’est venu égaler la visite du musée d’Unterlinden. Et pour être plus précis, la contemplation du fameux retable d’Issenheim. Pour être honnête, nous nous disions que ça valait le coup de voir de plus près cette œuvre gothique fort connue et attribuée à un certain Mathias Grünewald. Mais nous n’étions pas plus motivés que ça, a priori. En effet nous étions l’un et l’autre, par goût, plus attirés par l’art moderne. De plus nous étions peu versés dans les sujets religieux. La découverte de cette œuvre magnifique fut donc un choc inattendu. Malgré la foule qui allait et venait, nous sommes restés fort longtemps absorbés dans la contemplation du retable, émerveillés et retenant notre souffle. Des années plus tard, je ne saurais évidemment pas tenter le moindre début de description, ça n’aurait d’ailleurs pas d’intérêt. Mais ce que je peux dire, c’est que pour moi le retable à lui seul justifie qu’on fasse le voyage de Colmar. Trois étoiles et vaut le voyage, pour parler comme les guides verts de chez Michelin.