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le carnet vert
31 janvier 2007

vestibule

Le vestibule était mon domaine. C’était une petite pièce triangulaire, toute en parquet, sur laquelle ouvrait la porte d’entrée ainsi que les trois pièces principales de l’appartement : la salle de séjour, la salle à manger et la chambre. Dans l’angle le plus aigu ouvrait une petite fenêtre donnant sur la cour. Malgré cela il faisait toujours sombre dans la pièce. Il n’y avait aucun meuble, pas de tapis, rien d’embarrassant. Juste un vieux porte parapluies rouillé et poussiéreux, sur lequel reposaient une ou deux plantes anémiques. Et c’est tout. C’est pourquoi c’était mon domaine. Si peu que je prenne la peine de ne pas m’installer exprès dans le passage, c’était le terrain idéal pour jouer aux petites autos.

J’étais petit. Je me faisais oublier dans le vestibule. Ma mère et ma grand-mère vaquaient à des occupations ménagères. La Grand-Mère (mon arrière-grand-mère) radotait au coin du poêle. Mon grand-père s’activait en cuisine. Je l’entendais tour à tour jurer lorsque les choses n’allaient pas comme il voulait, ou alors chanter à tue tête. Il avait une petite prédilection pour le répertoire de Georges Brassens, particulièrement des amoureux qui se pécotent sur les pancs puplics. Le ménage doit être propice au déliage de langue, je ne sais pas. Toujours est-il que ma position isolée dans le vestibule, tout en étant au carrefour des lieux d’activité, me permettait de dresser une oreille attentive aux conversations, surtout celles des femmes. Ainsi savais-je, sans toujours comprendre, ce que devenait tel ou tel membre de la famille, j’avais un aperçu des finances catastrophiques de mes grands-parents. J’étais au cœur de la maison.

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Commentaires
S
c'est toujours une place de choix qu'être à la croisée des passages. On finit par nous oublier et on capte tout ce qui se passe ! ;-)
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