manque
Elle avait eu beau prétendre le contraire, je voyais bien qu’Elle était en manque. C’étaitt absolument terrible de la voir dans cet état. Elle ne parvenait pas à fixer son attention sur son travail. Elle errait comme une âme en peine dans la maison, allant de façon désordonnée de son bureau à la cheminée et inversement. Elle disait qu’il faisait froid alors que le chauffage soufflait de larges goulées d’air chaud et que le thermomètre affichait plus de vingt degrés. Elle débitait des mots qui me semblaient dénués de logique. Elle me perturbait sans cesse, c’était un signe. J’avais du mal à maintenir le cap de ma navigation sur vos blogues (oui, c’est ma drogue à moi). Elle disait que non, non, il ne faut pas. Mais à son regard suppliant, je voyais bien que le manque faisait ses ravages.
Un jour j’ai fait fi de mes scrupules et j’ai pris la décision de lui fournir sa dose. Je savais où en trouver. Je suis monté en ville. Le plus discrètement possible, vous savez, sous le manteau comme on dit, j’ai tendu l’argent au revendeur et, avec j’aurais dit un sourire narquois, il a glissé la dope dans ma main droite. J’ai prestement fourré le paquet dans ma poche, et je me suis éloigné à pas de loups en rasant les murs. Je ne sais pas s’ils ont repoussé depuis. Par chance la rue était déserte.
Elle m’avait déjà fait le coup à plusieurs reprises. Elle décidait d’arrêter. Mais c’était trop dur. Ça durait quelques semaines puis elle replongeait. Pourtant là, elle était ferme et catégorique. Pas avant les vacances, assénait-elle d’un ton définitif qui dissimulait mal son envie.
C’est nul de ma part, je sais, mais maintenant que je suis dépositaire d’une dose, que je trimballe celle-ci tous les jours dans mon cartable, je vais devoir lutter contre le poignant désir de la satisfaire au plus vite, voire contre la tentation d’y goûter moi-même en catimini. On est mal, là. C’est qu’il en faut de la volonté pour résister à l’appel envoûtant du sudoku.