analyse

20 janvier 2006

Comment faire pour supporter une journée qui démarre mal, hein ?

Oui, parce que ce matin, le radio réveil a fait de la musique un peu plus tard que d’habitude, juste un petit quart d’heure. Nous nous sommes levés. Nous sommes descendus à tâtons. Dans le salon l’un de nous a allumé la lumière. J’ai ranimé les braises dans la cheminée et j’ai rajouté quelques morceaux de bois. Dans la cuisine ça sentait une délicieuse odeur de café. Il était tout prêt ; il nous attendait. J’ai coupé du pain. Elle a fait griller les tartines. J’ai coupé une orange. Son jus a fait comme du sang qui produisait une petite flaque sur le bord de l’évier. Je me suis senti cruel, c’est idiot. J’ai pressé chacune des deux hémisphères sur le machin électrique qui fait un bruit catastrophique. Et ça saignait encore cruellement dans le réceptacle. J’ai versé le jus dans un verre. Elle a étalé du beurre sur les tartines et puis du miel sur certaines et de la confiture sur d’autres. Exceptionnellement je n’ai même pas allumé la radio. J’ai donné des croquettes à la chatte. Qui a regardé sa gamelle d’un air dédaigneux. Je me suis assis à la table, en face d’Elle. Elle a trempé une tartine dans son café et l’a portée à sa bouche…

Oui vraiment ça commençait mal. Parce que je lisais distraitement un article sur les émeutes de l’automne dernier, et à la dérobée je la regardais déjeuner, et moi j’étais privé du meilleur moment de la journée, le petit déjeuner, tout ça parce que je devais me présenter à jeun au laboratoire d’analyses, que j’espère au moins qu’elles seront bonnes, oui, j’ai fait des efforts, mine de rien, et ce n’est pas toujours facile de se priver de ceci ou de cela, il faut savoir résister, et des fois on fait un petit écart, oh, juste un, de presque rien, un morceau de brioche ou de galette, c’est l’épiphanie chaque jour de janvier par ici, mais on a quand même mauvaise conscience et on se dit alors qu’on mettra double dose de cannelle dans le prochain ragoût. Enfin bref j’avais pris un rendez-vous pour cette vingt dieux de prise de sang, une formalité qui me privait de mon petit déjeuner. Bien sûr sitôt sorti du labo je ne me suis pas précipité au bureau. Non j’ai fait une halte au Basque, le café en face de la poste, je me suis accoudé au comptoir et j’ai pris le temps de siroter un café et de mordre à pleines dents dans un croissant bien gras.

Ce soir je crois que je prendrai une infusion parfumée à la cannelle.

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