brouillard
On pénètre dans la ville comme dans un amas de coton orangé. Sur le pare-brise le brouillard se répand en bave sale. Tous les dix mètres l’éclairage public émerge lugubre de la ouate. Orangé.
Dans les arbres nus de l’avenue scintillent encore fugitivement les étoiles bleues ou jaunes des décorations de Noël.
L’épiphanie est passée. La fête est finie.
Des silhouettes furtives glissent le long des murs.
Des automobiles fantômes filent en chuintant sur le bitume humide.
La gare régurgite quelques voyageurs attardés qui regardent hagards autour d’eux et s’éloignent courbés par le poids de l’hiver.
Boulevard du Grand-Cerf, au-delà des bars déserts, une tapineuse dévêtue de blanc fait déjà les cent pas sur le trottoir. Il n’est pourtant que huit heures du soir. Avec le brouillard la tristesse s’insinue en moi.