Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le carnet vert
22 juillet 2015

canicule

Quelques jours ont passé, pas loin d’une semaine. Ma vision est devenue un peu irréelle, rien de plus naturel.

Devant nous, à gauche de la route, s’étendait un champ. Un banal champ du Val d’Amour, près duquel j’étais déjà passé mille fois. Qu’on ne me demande pas l’origine de ce nom charmant pour désigner la basse vallée de la Loue, je n’en sais rien. Le champ semblait écrasé par la chaleur, le chaume incandescent, dès cette fin de matinée. Ma perception était altérée par la présence de la climatisation dans la voiture. J’ai fugitivement pensé que sa couleur mordorée résultait d’une déformation due à mes lunettes de soleil.

A quelques dizaines de mètres du fossé, au milieu du champ, se dressait un arbre. Un arbre isolé, dont l’ombre portée se rétractait peu à peu. Dans le flou généré par notre vitesse relative, je n’ai pas eu le temps de voir de quelle essence il s’agissait. Chêne ? Frêne ? Noyer ? Un fruitier, peut-être. En tous cas, c’était un feuillu. Avec du feuillage. Une touche de vert au milieu du jaune omniprésent et du ciel chauffé à blanc, avec au loin la silhouette familière et bleutée du Mont Poupet.

Passant près de ces chaumes et de leur arbre en majesté, je me suis réveillé. Je veux dire, pendant une fraction de seconde, j’ai cadré mentalement la scène, j’ai visualisé l’image, j’ai activé le déclencheur, j’ai imaginé les mots. C’était la première fois depuis des semaines, depuis qu’une angoisse douloureuse et indicible m’étreignait, tandis qu’avec un sentiment d’impuissance je voyais vaciller ceux qui me sont chers. Je me suis habitué, bien sûr. On s’habitue à tout. Je suis dans l’action, je téléphone, je prends des rendez-vous, je fréquente l’hôpital. Tout ceci est banal, c’est le lot de chacun de nous, un jour ou l’autre. Et timidement quelques mots reviennent enfin, légers comme des bulles. Ceux que voici.

L’aspect brûlé de la campagne m’intriguait. J’ai baissé les yeux vers le tableau de bord. Il était un peu plus de onze heures. Le thermomètre avait déjà dépassé les trente-deux degrés.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Je te souhaite d'avoir à te déshabituer puis de ne pas avoir à te réhabituer.
Répondre
le carnet vert
Publicité
Archives
Newsletter
14 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 145 950
Publicité