chaussures

Je rêve d’un week-end nantais. Cela m’arrive parfois. C’est un rêve sans image. Ou alors des images d’ailleurs. Des marais de Brière ou des immenses plages de sables fins, bordées par des immeubles futuristes se tordant dans le couchant. Un jour j’y ai vu une escouade de cerfs-volants. Ce n’était pas en rêve. Le vent décoiffait la promenade. Le soleil miroitait. Des gens marchaient sur l’eau, nous ne savions comment et ne le saurions jamais. Nous ne croyons pas aux miracles. Nous avions donc frôlé les environs. Mais Nantes, non. La seule et unique fois, un jour de l’an, où j’ai fait quelques pas dans cette ville, grise et froide pour l’occasion, je me suis toujours demandé, ultérieurement, si je n’aurais pas mieux fait de m’abstenir, puisque l’accident nous guettait au coin d’un mur gris, sur la route du retour. Je rêve d’un week-end nantais, en fait, pour les chaussures. Elle aime les chaussures. J’aime les chaussures d’Elle. Et les chaussures de toutes les Elles. J’aime admirer les escarpins à haut talon, dans les vitrines du Palais Royal ou de la galerie Véro-Dodat, des choses très fines et très chères qu’elle ne mettrait jamais. Certaines avec des semelles rouge sang. Des machines à fantasmes ? Je ne sais pas. J’avais regretté de ne pas accompagner Elle, un jour où je devais perdre mon temps et ma jeunesse à travailler, précisément non loin du Palais Royal. Pendant que je trimais, elle avait visité la vente d’une créatrice de vêtements que nous connaissions, et qui partageait le local avec une faiseuse d’escarpins et de bottines à la mode artisanale, voire même artistique, je peux l’attester, ayant vu des photos par la suite. On dit une bottière ? Ce mot n’est pas bien beau. Je sais que la dame est nantaise, alors vous voyez, il y a une logique. C’est pourquoi je rêve de faire plaisir à mon Elle en lui offrant bientôt un week-end nantais.

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[Carole]

Pour les escarpins rouges, je te donne l'adresse : cours des Cinquante otages, non loin de la librairie Durance...