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le carnet vert
2 octobre 2013

le choix des armes

J’ai lu quelque part un échange de points de vue quant aux outils que chacun de nous utilise pour écrire ses textes. Les avis et usages sont partagés. Certains ne jurent que par le clavier, tandis que d’autres sont accros au crissement de la plume sur le papier. Pour ma part, je suis clavier et uniquement clavier. Mon écriture manuscrite est si vilaine que je peine moi-même à la relire. Une amie m’a aimablement fait remarquer, tandis que je dédicaçais un livre à côté d’elle, que je ne savais pas écrire. Un point d’interrogation virtuel et non moins géant s’est aussitôt développé au-dessus de mon crâne. Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Il parait simplement que je tiens mal mon stylo. Bon. Me voilà bien avancé. Que je sache, personne ne m’a jamais empêché de tenir mes outils de cette manière, même du temps idiot où on tentait encore de réprimer les gauchers (que je ne suis pas, je me contente d’être gauche). Pourtant au début j’écrivais à la main. Je crois pouvoir affirmer que je suis entré en écriture à compter du jour où j’ai rencontré la poésie des surréalistes en général, et de Paul Eluard en particulier. Je voulais écrire comme lui, c’était décidé. Comme à l’époque dont je vous parle, il n’était pas question d’ordinateur et qu’il n’y avait pas de machine à écrire à la maison (on m’en a prêté une pour taper mon rapport de stage d’IUT : j’ai compris ma douleur !), le choix était vite fait, c’était papier et stylo bille. Ledit papier étant tout et n’importe quoi de préférence, feuilles volantes, pages arrachées aux cahiers à spirales, et même des tickets de métro. Quelques années plus tard, lorsque je me suis piqué d’écrire des romans, je me suis armé d’une ramette de papier, sur laquelle j’usai gaillardement des crayons de graphite HB. Caravan a été conçu ainsi. Je me suis néanmoins rapidement rendu compte que tout ressaisir ensuite au traitement de texte était du dernier fastidieux. Alors dès lors que je fus doté d’un bureau équipé d’un ordinateur, je n’ai plus utilisé que le clavier et l’écran. Quelqu’un a dit, au cours du valeureux débat évoqué plus haut, que l’usage du clavier d’ordinateur pourrait s’apparenter à la pratique du piano, que cela ajoutait de la musicalité à l’acte d’écrire. Je suis bien près de partager cette vue. Il y a bien un piano dans un coin, chez nous, mais je ne sais pas en jouer, ni d’aucun autre instrument, et je n’ai pas envie d’apprendre. Pour autant, le jour où on me félicitera pour la musicalité de mon écriture, je serai le plus heureux des hommes. Ce n’est absolument pas un hasard si mon roman s’intitule Caravan, le célèbre morceau balisant le texte comme un leitmotiv. De même je ne surprendrai personne en dévoilant que le héros de mon nouveau texte est jazzman, contrebassiste cette fois.

Juin 2013

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Commentaires
S
Je me rappelle du premier ordinateur que nous avons eu, c’était un Amiga 500 et le traitement de texte était un supplice (j’entends la recherche des textes qui s’affichaient à la queue leu leu dans un ordure dont je n’ai pas compris le sens !) !<br /> <br /> Aujourd’hui, les instruments que nous avons à notre disposition n’ont rien de comparable et la rature est devenue une institution rare. Nous avons perdu l’habitude de tenir le stylo ou le crayon et le faire devient un exercice fastidieux. Pour preuve, j’ai commencé des cours de dessin à main levée et j’ai presque l’impression que ce n’est pas moi qui dessine …<br /> <br /> J’avoue que je n’ai jamais rien écrit de « consistant » je laisse aux écrivains la paternité de leur métier, mais il m’arrivait de taper quelque texte sur l’ordi quand des ondes favorables se présentaient, il s’agissait d’une sorte de journal qui un jour de bug a été crûment avalé. Je n’ai jamais retrouvé les pensées (belles) que j’avais notées ces jours-là et j’avais renoncé à écrire sur le clavier… Nous devons si nous voulons garder nos trésors (imaginaires ou réels) faire preuve d’une perspicacité de conservateurs de musées ! Il m’arrive donc d’imprimer ce que j’ai laborieusement écrit, histoire de ne pas renouveler la première mésaventure :-)<br /> <br /> Mais quand la fièvre d’écrire me vient (eh oui, ça arrive même aux non-écrivains) je trouve le premier morceau de papier (même des tickets de caisse …) parce que je n’associe pas le fait d’écrire avec un ordinateur allumé.<br /> <br /> Si vous aviez écrit Caravan sur un clavier, peut-être le clavier se serait-il enrayé …<br /> <br /> <br /> <br /> Je crois qu’il n’y a pas de règle, chacun ressent les choses comme il l’entend. Pour moi l’écriture est plus affaire d’énergie que de musicalité (quoi que moi aussi j’aimerais aussi jouer du piano que ma fille a laissé chez moi) <br /> <br /> A-propos de jazz, vous savez sans doute que Haruki Murakami est un grand amateur de jazz.
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S
J'arrive de chez bleck, je passe faire un tour...en tant que gauchère je bénis le stylo à bille contre l'encre et surtout le clavier
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D
Un clavier d'ordinateur comme un piano. Mais c'est bien vrai ! Cela fait une jolie musique et puis le contact des doigts et des touches, c'est tellement agréable.
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N
Souvenirs d'écriture... Je suis maladroite parce que vraie gauchère. Aussi, j'ai pris l'habitude de dire que j'étais bienagauche !
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F
Je me souviens avoir évoqué ces "manies" d'écriture avec toi (par mail ou ici?)<br /> <br /> J'avoue que j'écris de moins en moins à la main, sauf pour le départ, la mise en route, qui se fait toujours au stylo sur un bloc-notes. Et j'y reviens quand ça bloque, justement, comme s'il était plus facile de dénouer la pelote des mots sur papier!
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