la neige fond
Je ne me suis même pas baissé pour me mettre à niveau. Ou alors je l’ai fait en pensée. Mon regard a heurté la vitre de la cuisine à l’instant même où un timide rayon de soleil balaya le jardin. Après toutes ces journées de poids, la pelouse se mit à briller. Le blanc étincela. L’herbe… l’herbe ! Voilà qu’après toutes ces journées de poix je me prenais de passion pour quelques brins de ray-grass. Il n’a encore pas fortement gelé. Si ça se trouve on verra bientôt poindre les crocus.
J’ai imaginé avoir en main mon appareil photo. Il n’était pas loin, j’aurais pu hésiter, d’ailleurs je l’ai fait. J’aurais pu me décider. Je n’ai pas bougé de là. Je ne me suis pas rué sur l’armoire de circonstance, porte violentée en un grincement, sacoche ouverte fébrilement. Non. Je me suis contenté de regarder. J’ai seulement imaginé l’image. Le gazon ensoleillé émergeant de la neige. J’ai même rationnalisé la chose, pensant que nous avions déjà produit des vues similaires l’année précédente, cette fois-ci avec du blé en herbe : la saison était plus avancée.
C’est fou le pouvoir d’un malheureux rayon de soleil, en hiver. On se sent revivre. On se désengourdit. Pour un peu, si ce n’était l’heure du thé, si ce n’était bientôt celle du ciné, j’irais d’un pas alerte souiller mes croquenots dans la boue des chemins.
Dimanche 20 janvier