mariage pluvieux
Ce jour-là il pleuvait. C’est à croire que c’est toujours pareil.
Les jours comme ça.
Le jour où je t’ai choisie.
Je ne me souviens d’aucun détail, tu me connais. Juste qu’il pleuvait. Juste que tu rayonnais. Juste que j’aimais ton sourire. Alors je t’ai choisie. Est-ce pour ça que tu m’as mis une gerbe de fleurs dans les bras ? Ce jour-là nous assistions à un mariage.
Plus tard tu rayonnais encore, tu faisais l’espiègle, tu te cachais derrière les châtaigniers de derrière chez moi et tu me laissais néanmoins photographier ton sourire.
Puis vêtue d’un gros pull que tu avais tricoté toi-même, tu dévalais un sentier cévenol, tu venais à moi qui te tendais les bras.
Un jour qu’il pleuvait, nous nous sommes encore choisis. Tu étais en blanc et moi en gris. Dans l’église froide résonnaient les chansons de Ferrat et de Brel.
Sur la photo de groupe on devine les parapluies qui se replient promptement, et provisoirement.
Les jours et les nuits, je te choisissais encore et encore.
Un jour d’il y a peu, alors qu’il avait oublié de pleuvoir, tu marchais doucement sur le chemin, accrochée à mon bras. Tu n’avais pas mal, disais-tu, mais une partie de toi s’était évanouie. Tu me regardais. Tu me souriais. J’aimais ton sourire. Après des décennies il n’avait pas changé, tu rayonnais. Sur ce chemin tu portais ton vieux pull rouge, je me souviens, tu ne risquais pas de dévaler de quelque façon que ce soit, et l’émotion me submergeait.
On devrait se marier encore, tu ne crois pas ? Tu connais bien l’adage, n’est-ce pas : mariage plus vieux, mariage heureux.