sur la plage
Nous avons marché l’un derrière l’autre, sur un sentier à peine tracé au milieu d’une sorte de lande.
Nous sinuions parmi de la végétation rase.
Nous aurions été au petit matin, nous nous serions amusés du ballet des lapins sauvages. De nombreux indices signalaient leur présence. Un oiseau nous poursuivait de son trille entêtant. Nous ne l’avons pas identifié. C’était un oiseau, voilà tout.
Le sentier longeait la dune, je pense. Nous avons mis longtemps à trouver une brèche qui nous permette d’enfin voir la mer.
Et puis.
La vue.
Le vent. Je l’ai reçu en pleine poitrine.
Au loin on devinait un trait de côte, nous venions de par-là, à quelques kilomètres près.
Et la mer.
Marée basse.
La mer était là-bas.
J’ai dit, on traverse tout droit, pour ne pas perdre le passage. De toute façon la mer est là-bas, ça fait déjà de la distance.
Tu m’as suivi.
Nous n’avons même pas ôté nos chaussures. Pourtant on le fait parfois. Mais là. Non.
Nous avons marché à même le reflet.
Nous ne savions plus si nous étions sur terre, sur mer ou sur ciel.
Le vent nous soulait.
Nous avons sorti nos appareils photo.
Nous avons cadré le large. Quand je dis le large, c’est à cause de l’horizontalité. Nous avons cadré des reflets et des vagues et les lignes sinueuses laissées par la mer sur le sable après qu’elle s’est retirée, et les oiseaux marins, en bandes innombrables, et le ciel.
Sur ces images là, il n’y a rien et il y a tout. Je les aime.
Ensuite nous nous sommes allongés au pied de la dune, dans le sable fin et sec. Tu as posé un moment ta tête sur mes genoux et c’était bon. Le vent nous laissait du répit. Nous étions à l’abri, même si face au large. Il venait de l’est ce jour-là.