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le carnet vert
24 avril 2010

marraine

J’ai regardé le ciel.

Il était gris.

J’avais pris cette habitude là, regarder le ciel, et voguer loin. Mais gris.

Un ciel de circonstance.

J’étais là. Debout. Assis. Debout. Comme on fait dans les églises.

Debout et tremblant. Pas de froid, non. De peine.

Elle était là. Debout près de moi. Elle pleurait en silence, je crois.

Mes parents, à ma gauche. Je les voyais tout petits, tassés sur eux-mêmes, égarés par la peine.

Le deuil ratatine.

J’ai pensé à toi. Quand j’ai voulu. Pas quand le prêtre l’a dit.

Il a dit, on va prendre un instant de silence pour que chacun puisse t’envoyer ses pensées à sa guise. Ou quelque chose comme ça. Aussitôt dit, aussitôt une bonne femme s’est mise à chanter je ne sais quoi, accompagnée par l’harmonium. Passe-moi le silence. Heureusement que je n’ai pas attendu les injonctions de ce prêtre.

J’ai pensé à toi quand j’ai voulu.

Tu n’étais même pas malade, même pas vieille. Et tu es partie. A soixante-douze ans on n’est pas tellement vieux, de nos jours.

Je revoyais ton doux visage. Un visage serein. Le tien. Un mince sourire à peine moqueur, juste parfois.

Je ne te voyais pas souvent. Je t’aimais beaucoup. Tu étais l’image même de la sérénité.

Je me suis fait la sensation d’être une cabane sur pilotis.

À chaque fois que l’un des miens s’en va, c’est comme si on ôtait un de mes pilotis.

Ça bouge maintenant, ça bringuebale.

Quand il n’y aura plus de pilotis, la cabane s’envolera.

Je regardais le fond de l’abside. De belles grosses pierres bien taillées, et polies par les siècles. Je t’y voyais sourire en filigrane.

J’ai levé les yeux vers le vitrail qu’il y avait là.

Je n’ai pas enregistré ce qu’il représentait, ni même quelles étaient ses couleurs.

Je sais qu’il y avait un vitrail, c’est tout.

Je sais que derrière ce vitrail, il y avait le ciel gris, celui que j’avais regardé.

Je sais que quelque part au loin il y aurait des épaules compatissantes pour m’accompagner. Le ciel me disait ça.

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Commentaires
P
Nathalie : la prochaine fois, c'est pour le we de la Pentecôte. En famille bien sûr, mais faut voir. On fera surement un saut en août aussi.<br /> Ce serait bien, oui !<br /> ;-)
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G
Ahh, tu te rapproches ! La prochaine fois sera peut-être la bonne !
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P
Nathalie : triste oui, mais dire de la beauté en guise d'hommage.<br /> J'ai vu la direction de chez toi, en y allant :-)<br /> <br /> Pakita : la mort est un scandale, bien sur, mais inéluctable. Je n'ai pas vu d'hypcorisie dans la cérémonie. Bien que mécréant je ne déteste pas les églises. C'est juste un certain discours qui ne me convient pas. Là ce n'était pas trop le cas.<br /> <br /> Caro : les pilotis fantômes, et de nouveaus pilotis pour remplacer ceux qui sont partis.
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C
La cabane qui s'envole. je crois aux fantômes, les pilotis fantômes...
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P
étrange non ? comme on peut trouver de la beauté au fond de la tristesse. Comme si l'introspection, l'intimité, venaient devant nos yeux pour qu'on ne sombre pas.<br /> La mort est un scandale... peu importe l'age auquel elle frappe.<br /> Quant aux églises... même pour les défunts que j'aimais, je n'y entre plus. Pas même pour mon père.<br /> Je ne veux pas d'hypocrisie, surtout pas là !<br /> Je sais que j'en ai choqué beaucoup avec ce refus têtu... mais je m'en fout. Je sais bien que j'accompagne jusqu'au bout celui qui vient de partir... assise dans l'herbe ou au bord de l'eau.
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