élégante
Sur l’écran, elle sourit.
Non, sur l’écran, elle est pensive.
Elle sourit ou elle est pensive.
Parfois on voit ses lèvres.
Ses lèvres sourient ou font la moue.
C’est selon.
Sur l’écran apparait son profil ; un profil qui regarde l’avenir.
Elle aime ne pas se montrer entière.
Elle se morcelle.
Elle excelle à ce jeu.
Sur l’écran on voit des pierres levées moussues enfouies dans des sous-bois.
Sur l’écran on voit un chemin qui s’enfonce dans de l’herbe orangée inondée de lumière.
On voit la lumière du soir.
Parfois il y a de l’eau. Des quais au bord de l’eau. Des bateaux en partance, qu’on ne distingue pas. Mais on les sent, là, derrière, pas loin, qui vont aller draguer le fond ou en revenir, chargés à ras de ces coquilles dont on raffole. On sent l’embrun ; c’est comme si on y était.
Il y a des rochers.
On voit des vagues, aussi, qui partent à l’assaut.
On voit une monture.
Noire.
Fidèle.
Docile ?
Prête à la course.
On voit aussi le harnachement.
Sur l’écran on voit un récipient trop petit.
On voit que ça déborde.
Sur l’écran on voit des enfants.
Des enfants ensemble. On se sent mu d’une infinie tendresse. Pour eux et pour l’enfant qu’on est resté.
Sur l’écran on voit le pain.
Elle a partagé le pain.
De l’écran on croit sentir la fragrance du pain.
Elle m’offre le pain.
J’y vois un symbole.
Plus loin on la voit elle, encore, qui sourit. Ou on l’imagine ainsi. Parce que ce sont ses mots.
Ses mots, elle les fait sourire.
Toute sa tendresse resplendit dans ses mots.
Et bien d’autres choses encore.
Et le vent souffle, léger, vers elle en retour. L’élégante.