vent
Il y a eu ce vent. Un grand vent fou contre lequel il était inutile de lutter.
Je me demande si ce vent était semblable à ce qu’il serait en rêve. Ou si j’avais rêvé ce vent.
Il y a eu ce vent. Ce n’était pas un méchant vent d’hiver chargé de pluie et de tristesse, non. Au contraire. C’était un vent chargé de douceur, de senteurs d’iode et de ce parfum subtil que dégage le panettone, cette brioche italienne truffée d’écorces d’orange que j’aime tremper dans mon café. Le vent exhalait parfois aussi, si on y prêtait attention, un léger accent de mélancolie, rien de trop, mais quelque chose qui était là néanmoins, bien présent quoique dissimulé derrière la couleur, comme pour me rappeler que rien n’est jamais vraiment facile.
Je ne voulais pas lutter.
Ce vent allait m’emporter. Je me laisserais faire. J’irais n’importe où. Au gré du vent. C’était décidé. Lutter c’est renoncer. Pourquoi renoncer ? Pour gagner quoi ? Pour perdre, oui, à coup sûr.
Il y a eu ce vent. Un vent de rêve fou. Un vent de folie, et qui me porte emmêlé dans ses accents iodés. J’ignore où il m’emmène, c’est peut-être sans danger. Ou peut-être pas.
J’ai rêvé d’un vent.