démangeaisons
J’ai des démangeaisons dans les doigts.
Je les regarde.
Sous tous les angles.
Mes doigts.
Je ne vois rien de remarquable.
À peine une minuscule égratignure provoquée par un rosier malencontreux, ce matin en ouvrant les volets.
Je pourrais disserter sur l’ouverture des volets, bien sûr, dire que c’est plus agréable en été, justement en particulier à cause du rosier, parce que, ouvrir et se trouver à portée de nez d’une profusion de roses blanches délicatement parfumées, n’est-ce pas… Mais c’est l’hiver. Et les volets je ne les ouvre pas souvent. Parce que je ne les ferme pas souvent non plus. Seulement quand on s’en va pour quelques jours. Ou plus. Parce que ce sont des volets fragiles. Ou plus exactement leurs attaches. Quand j’ai fermé ceux du salon, l’autre soir, avant de quitter la maison, un morceau de pierre s’est détaché, et le gond inférieur est tombé dans le tas de bois qui est sous la fenêtre. Du coup le volet est tout de guingois, parce que d’ici à ce que je puisse farfouiller dans le tas en plein jour… Si vous cherchez ma maison, elle est facile à reconnaître : le volet le plus à droite est de guingois. Le fait qu’il soit à droite n’a rien à voir avec sa posture de guingois. On dira que c’est le fait du hasard.
C’est agaçant, ces démangeaisons dans les doigts.
Je les regarde.
Les doigts.
Sous tous les angles.
Je n’y vois rien de remarquable.
Même plus le souvenir de la fois où je me suis écrabouillé le majeur de la main gauche en rangeant des bûches. Un souvenir cuisant pendant de nombreuses semaines. Maintenant c’est fini. Plus de doigt douloureux de ce côté. Alors ? Ces démangeaisons ?
Je sais ce qui conviendra.
Ce qui apaisera.
Peut-être.
Est-on jamais sûr d’être apaisé, en matière de mots ?
Un clavier.
Alors les doigts pourront se défouler, tandis que je verrai les phrases s’inscrire miraculeusement sur l’écran.
Alors peut-être les démangeaisons dans les doigts ne seront que souvenir.
Jusqu’à la prochaine fois.