tarazona
Un gros orage avait éclaté en amont de la ville.
L’averse nous avait surpris tandis que nous achetions des pêches plates qui nous constitueraient un suave dessert.
Nous nous abritâmes un moment dans un bar. Le sol carrelé était constellé de débris divers, mégots écrasés, emballages de biscuits. Cette saleté chronique du sol des bars semblaient être un élément de typicité dans cette région. Peut-être bien même dans tout le pays. Néanmoins le petit noir était agréable.
Dès le calme revenu, nous ressortîmes dans la rue luisante.
Nous pûmes observer le faible courant de la rivière canalisée s’enfler soudain et recouvrir d’un flot jaunâtre et impétueux les roches arides jusque là laissées à nu.
Nous figeâmes au fond des appareils photo les tours mudéjares qui se dressaient sur un fond de ciel ressuyé.
Sur les hauteurs modestes de la ville nous trouvâmes une place elliptique qui manifestement servait d’arène les jours de fête, et nous imaginâmes les clameurs de la foule et les cris jetés depuis les hautes façades tandis que les muletas esquivaient les naseaux fumants des taureaux.
Non loin de là, sur le mur bordant un square, était peinte en grand la figure hurlante et psychédélique qui ornait la pochette du disque phare du groupe King Crimson. Je me souvins que j’aimais regarder cette image tandis que la musique envahissait ma chambre de lycéen. Je rêvais alors de voyages.