volnay
Il avait cessé de pleuvoir. Une brève éclaircie avait illuminé la Côte. Sur la plaine, des bancs de brume s’effilochaient.
Nous filions sur la route du sud, entre les rangées de frênes et de peupliers.
Le soleil avait embrasé la vigne. Ce n’est pas que nous étions au crépuscule, non, mais les ceps noirs s’étaient habillés des couleurs de l’automne. Du jaune et du mordoré, d’où jaillissaient les grosses grappes aux grains violacés.
Nous avions jailli de la voiture. Littéralement. Comme des diables de leurs boîtes. Fébrilement nous avions sorti les appareils de leurs sacs.
Nous nous étions accroupis en bordure des rangs boueux. Nous avions visé, composé des lignes de fuite, créé des mariages irisés de feuilles, de bois, de fruits. Nous étions intimidés, il me semble, car ce vignoble-ci était tout auréolé d’un prestige auquel nous avions difficilement accès.
Le premier déclenchement avait été un soulagement.