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le carnet vert
30 septembre 2009

au menu

Récapitulons une dernière fois, se disait-il, fébrile, tout en disposant sur la nappe agreste recouvrant la table ronde un bouquet de renoncules aux douces couleurs pastel, savamment disposées dans un vase de cristal.

Soyons juste, il n’était pas responsable de la charmante disposition des fleurs dans le vase, pas plus que du choix de la nappe. Mais cela aurait pu. Du moins pour la nappe. Et puis cela ne l’empêchait pas d’apprécier manger sur une jolie table, l’harmonie du décor n’est pas réservée aux dames, n’est-ce pas.

Il récapitulait donc intérieurement les éléments de son menu. Tout en se flagellant aussitôt mentalement pour avoir osé s’approprier la paternité dudit menu. Parce que sa chérie avait participé au choix des mets. Elle avait dit qu’elle voyait la salade comme ci comme ça. Et puis elle avait confectionné le dessert.

Nous disions donc, se disait-il :

1)      Apéro. Bulots. Cuits (quarante cinq minutes dans l’eau frémissante poivrée et épicée). Melon. Coupé en petits dés. Bretzels. En réserve.

2)      Entrée. Feuilles (jeunes) d’épinards. Doucement douchées sous le robinet de l’évier. Mises à égoutter dans le panier de l’essoreuse à salade. Pas essorées, malheureux. Fragile. Langoustines. Décortiquées. A cru. Boyau éliminé à la pointe du couteau. Opérations pas marrantes. A chaud ? Pas plus. Carapaces jetées dans poubelle de dehors. Parce que, au bout de quelques heures, ça fouette. Sauce. Faite. Se rappelle déjà plus. Sera obligé de leur dire qu’il ne se rappelle plus, que la cuisine, c’est jamais pareil, que c’est l’aventure, et que c’etcetera. Quand même, on va dire yaourt + vinaigre de cidre + huile (deux cuillers tournesol, une cuiller pignon) + poivre + paprika + sel (évidemment). Langoustines à cuire au dernier moment, quand boire apéro. Par chance il n’y a pas de salle à manger ici, on mange dans la cuisine. Si les lecteurs veulent en savoir plus, ils demanderont. Mais là encore il ne se souviendra sûrement pas de tout.

3)      Plat de résistance (ça chauffe !). Carottes. Précuites vapeur. Cuisson à terminer à la poêle au dernier moment, quand manger entrée. Avec du beurre salé et une fève de tonka râpée. Truites. A cuire au dernier moment. Même traitement avec beurre et tonka, en même temps que les carottes. Cinq minutes pour chaque face. Saler légèrement les unes et les autres. Si on ne le croit pas, on n’a qu’à se reporter à la revue Régal (recette avec omble chevalier, mais il a décrété que la truite c’était pareil. De toute façon, va trouver de l’omble chevalier sur un marché du Poitou, toi).

4)      Salade. Zappée.

5)      Fromage. Plateau amoureusement dressée par chérie. Sélection rigoureuse et harmonieuse. Chèvre. Obligatoire, c’est la région de. Reblochon. Légèrement coulant. Emmental. Sans commentaire. Mais ici comté et beaufort hors de prix. Langres. Appétissant. C’est la pleine saison, a dit le fromager. Cœur de Neufchâtel. Pour le fun.

6)      Dessert. Clafoutis aux poires. Œuvre de chérie. Pour l’instant à l’abri dans le placard. Poudre d’amandes remplacée par noisettes du jardin. Raisins secs macérés dans rhum. Délicieux a priori. Impression vérifiée au moment idoine.

7)      Boissons. Rosé et blanc bien au frais dans le réfrigérateur. Elles choisiront.

Il ne savait pas exactement pourquoi il était fébrile. Sans doute parce que la réussite tient à très peu de chose. En attendant il était tout content parce que, pour l’apéro, il s’était déniché dans la cave un vieux fond de Caol Ila, qui ferait bon ménage, il en était certain, avec les bulots. Les dames ne goûtant pas le scotch, elles se verraient proposer, quant à elles, un maury qui siérait comme un gant aux dés de melon.

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Commentaires
A
Effectivement le Maury (le coquin qui porte un nom qui m'a induit en erreur) n'est pas vraiment un vin qui rit.<br /> <br /> Le melon je le mange nature.. Juste avec une tartine de bon pain frais, beurrée avec du bon beurre salé.<br /> Et pour l'accompagner j'aime bien un vin qui rit, un petit vin léger, à la fois moelleux et acidulé, de couleur blanche ou rosée...
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A
Effectivement le Maury (le coquin qui porte un nom qui m'a induit en erreur) n'est pas vraiment un vin qui rit.<br /> <br /> Le melon je le mange nature.. Juste avec une tartine de bon pain frais, beurrée avec du bon beurre salé.<br /> Et pour l'accompagner j'aime bien un vin qui rit, un petit vin léger, à la fois moelleux et acidulé, de couleur blanche ou rosée...
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P
Aline : ça va pas, non ? Joye a raison !<br /> <br /> Fabeli : je sais que tu t'y connais !<br /> <br /> Annick : le maury, ça ressemble à du porto. Je ne dirais pas que c'est un vin qui rit :-)<br /> <br /> Aude : y a encore du chemin à parcourir !<br /> <br /> Godnat : moi aussi j'avais délaissé la truite...<br /> <br /> Tilleul : chez nous aussi on a tendance à faire des patates, mais il faut bien varier un peu !
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T
Je sens le fumet jusqu'ici! Ca a l'air excellent!<br /> Chez nous (Belges), on sert toujours des pommes de terre (ou du riz) avec le plat proncipal (non, pas toujours des frites! Une pomme de terre macaire, ou gratinée ou rissolée... etc.)
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G
Il y a trop longtemps que je n'ai pas mangé de truite, lassée un moment d'en avoir trop mangé. Voilà un repas alléchant et du genre que je ne fais pas, n'aimant pas trop avoir encore à faire en cuisine quand les invités sont à table.<br /> J'ai bu du Maury à l'occasion d'un fondant au chocolat au beurre salé, c'était divin.
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