usine
Le train abordait les faubourgs industriels de Châtellerault, tandis que le ciel s’était dégagé. Mon attention était attirée par une haute cheminée d’usine qui fumait à quelque distance. Je fixais un moment mon regard sur cet élément banal du décor. Banal ? Pas tant que ça. Car qui osera affirmer qu’on voit encore beaucoup de cheminées d’usine en train de fumer ? Un étrange sentiment de satisfaction me gagna alors, satisfaction de constater que ça et là on fabriquait encore de vraies choses, qui nécessitaient la fusion de matières premières et produisaient des panaches de fumées plus ou moins colorées (et sans doute plus ou moins nocives). Je n’ai évidemment aucune nostalgie des miasmes industriels d’autrefois, mais à l’heure où on produit essentiellement de la futilité et de la crise financière, l’idée qu’il y avait encore quelque part du travail plus concret me paraissait rassurante.