un ciel de rêve
On percevait un grondement grave, un bruit tout d’abord anodin, qui soudain se détachait irrésistiblement du tumulte ambiant, qui allait en s’amplifiant, qui finissait par emplir entièrement l’espace sonore, jusqu’à en devenir assourdissant.
Alors on hésitait. Certains se plaquaient les deux mains sur les oreilles. Ne plus entendre. Non, ne plus entendre ce bruit atroce. D’autres plus curieux ne pouvaient éviter de lever les yeux au ciel.
Le ciel était bleu clair, immaculé.
Non, bleu marine.
A moins qu’il ne fût orangé.
Quelle importance ? C’était un ciel de rêve.
On levait les yeux et on voyait alors un gros avion trancher lentement dans cet océan de couleur, ça faisait comme si on déchirait une feuille de papier. Lentement. L’avion déchirait le ciel, suivi bientôt de dizaines d’autres avions semblables. Ils étaient gris, peut-être, comme la plupart des avions. Non, réflexion faite, ils avaient la couleur informe oscillant entre le brun et le vert qu’arborent la plupart des véhicules militaires. C’était donc des avions militaires, cela n’avait rien d’étonnant, la base aérienne s’étendait à seulement quelques kilomètres d’ici.
Cela durait longtemps, ce défilé assourdissant. Puis le bruit énorme s’atténuait, décroissait progressivement et s’atténuait encore jusqu’à se fondre complètement dans le tumulte ambiant qui sonnait alors comme du silence.
On avait encore l’idée de regarder le ciel. On se sentait soulagé, hors du vacarme, on voulait vérifier que ce sentiment était justifié. C’est alors qu’on découvrait avec frayeur les dizaines, non les centaines, ou les milliers de parachutes qui envahissaient l’espace et tombaient lentement, lentement. En silence.
Alors, hagard et en sueur, je m’asseyais dans le lit et j’allumais la lumière.