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le carnet vert
23 octobre 2008

longue focale

Les gens s’agglutinaient aux deux terrasses de bar encore ouvertes à cette saison, le long de la rue piétonnière. Certains se précipitaient vers l’entrée de l’unique restaurant. Oui mais quel restaurant ! Nous mangerions là, j’en salivais d’avance. Mais rien ne pressait, j’avais réservé notre table.

Alors nous nous sommes enfoncés dans la ruelle étroite qui sinuait entre les maisons blanches. Bon nombre des pimpants volets verts ou gris étaient clos. C’était le début de la saison creuse. Les façades prenaient une jolie teinte bleutée. Par endroit un rayon du couchant ajoutait quelques taches flamboyantes.

Nous avons traversé une route. Le chemin nous conduisait alors le long de jardinets au fond desquels dormaient de modestes pavillons, dont certains étaient proposés au prix abusif d’une villa de luxe par les agences immobilières locales.

J’ai reconnu le vieil arbre au tronc torturé que j’avais remarqué plus tôt dans l’après midi, là où le chemin s’arrête, au pied d’une courte dune. L’océan était proche. Nous l’entendions respirer.

En haut de la dune, un groupe compact de badauds était massé autour des deux bancs disposés là, profitant du spectacle. Nous ne nous sommes pas joints à eux. Nous avons préféré descendre sur la plage, et jouer à tout va du déclencheur jusqu’à ce que le soleil finisse par se noyer à l’horizon.

La mémoire agit parfois telle une longue focale. Je crois revivre des moments inoubliables, qui se confondent parfois en une unique image merveilleuse.

Nous étions là, tous les deux, sur une plage quasiment déserte, à nous nourrir d’images sanguines, et je nous revoyais, tous les deux encore, sur une autre plage déserte pas si éloignée de celle-ci, où déjà j’emmagasinais des clichés de même sorte. Sauf qu’à l’époque j’étais seul à appuyer sur le déclencheur. Quant à toi, tu te laissais encore volontiers surprendre, oh assez rarement, à mon grand dépit, et tu illuminais mes instants de ton sourire, rivalisant ainsi avec le soleil.

Je te revois sur cette plage là, plus au sud, et tu ris aux éclats tandis que ton ombre s’allonge devant toi, et tu vois bien que la mémoire nous joue des tours, je crois bien que c’est ici, enfin sur l’autre plage que je t’ai prise dans le couchant, sauf que sur le cliché que je vois en souvenir, nous sommes en pleine journée, tu piétines ton ombre, et un chapeau de paille te protège, ah non, le chapeau de paille ne peut pas être sur la photo, nous l’avons acheté le jour suivant, ou encore celui d’après, dans un grand magasin de la rue Sainte-Catherine, je me souviens, il était rose.

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