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le carnet vert
26 septembre 2008

enfer

Je me suis posé cette question : comment font les gens dans les campagnes pour prier ? Comment trouvent-ils le lieu propice à leur recueillement ? Comment font-ils, s’ils en sentent le besoin, pour implorer Dieu, la vierge, ou pour se vouer à je ne sais quel saint ?

Parce que je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la plupart du temps, dans les petits villages, les églises sont fermées. Il y a nécessairement d’excellentes raisons à ça, la plus terrible étant que le bâtiment tombe en ruine faute d’entretien, et qu’y prier serait dangereux. En tous cas, pour moi qui aime dénicher la beauté des vestiges romans, il est frustrant de trouver porte close.

Justement, par chance, les églises de certains villages de campagne que je sais être habituellement fermées ouvraient leurs portes ce dimanche à l’occasion des journées du patrimoine. J’ai vu ça dans la brochure diffusée par l’office de tourisme. Il fallait donc en profiter. Je dirais même que j’étais déterminé à en profiter. Ce n’est jamais évident, vous savez, parce qu’il ne faut pas avoir de mariage, de match de ceci, de tournoi de cela, de fiesta diverse et variée. Et tout simplement il ne faut pas avoir la flemme.

J’ai consulté la carte Michelin. J’ai compté les kilomètres. Il y en avait trente environ, il faudrait donc une demi-heure. La visite guidée étant à dix-sept heures, une heure au préalable j’ai averti ma fille et sa petite famille que nous allions les virer incessamment à cause de. Ils étaient censés partir après le repas, hein, alors je ne croulais pas sous les scrupules. Encore que j’ai précisé qu’ils pouvaient rester là pendant que nous étions partis. Mais je le redis, j’étais déterminé. Bon sang. Ou nom de dieu. Ou diable. C’est comme on veut.

Plus tard je me suis félicité de ma détermination. (Entre parenthèses, se féliciter soi-même, selon la formule journalistique rebattue, cela revient à se faire plaisir à peu de frais). Toujours est-il que la visite guidée de la petite église fermée d’habitude était fort passionnante, et que je ne regrettai pas la poignée de kilomètres que nous avions dû parcourir, même que j’avais su rester sobre à cet effet. S’abstenir d’un deuxième verre de moulis avec le poulet et les frites demande quand même une certaine dose d’abnégation.

C’est tout bonnement étonnant, cette église. Extérieurement elle ne paie pas de mine. Il n’y a quasiment aucun élément de décor. Tu sais qu’à l’intérieur tu vas voir des fresques, c’est recensé dans tous les bons guides, sans plus de précision. Tu ne t’attends pas à quoi que ce soit de particulier. Des fresques, il y en a des fragments dans bon nombre d’édifices, mais rien de spectaculaire en dehors de celles de Saint-Savin, qui sont répertoriées au patrimoine mondial par l’UNESCO (et qu’on n’a pas pu admirer, l’année dernière, parce qu’il y avait des travaux de rénovation). Sauf que là, il y avait plus que des fragments, il y en avait partout. (Attention, j’ouvre une nouvelle parenthèse : les fresques en question ne sont certainement pas des fresques au sens originel du mot, je n’y connais rien, disons que ce sont des peintures murales. Donc halte aux critiques puristes, j’emploierai le mot fresque parce que c’est plus commode, que tout le monde comprend et que ça me plait ainsi).

Habituellement, si on entre dans une église, théoriquement c’est pour prier ou pour écouter la bonne parole. On regarde devant soi, vers le chœur, qui est censé donner aussi comme qui dirait la direction du paradis. On n’a pas à se retourner dans tous les sens pour voir ceci ou cela, non. Personnellement je ne suis pas plus mécréant que créant. Je ne sais pas si je crois ne pas croire ou si je ne crois pas que je crois, ça n’a pas d’importance. De toute façon on n’était pas là pour prier, mais pour voir. Donc. Contrairement à l’usage, aussitôt entré, je fus saisi par l’abondance du décor, et donc je pris la mesure de son ampleur en me tournant dans tous les sens. Quel étonnement ! Car même sur le mur occidental, entourant le portail d’entrée, c’était peint (ce qui n’est pas fréquent). Plus exactement la façade était couverte de tous les diables de l’enfer en pleine action, torturant des âmes, avalant des damnés à pleine gueule. Naïf, sans doute, vu de notre œil moderne, mais pour les fidèles du 14ème siècle, cela devait être tout bonnement terrifiant. En tous cas ils savaient sans ambiguïté que, hors ces murs, on entrait de plain pied dans le domaine du malin.

P1060051

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Commentaires
P
diabolique !
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S
Hummmmmmmmmmmmmmmmmmmmm<br /> <br /> Tu sais qu'il y a 15 ans, pour les journées du patrimoine, nous avions prévu de faire la tournée des églises du Forez..... et nous avons vu de petits chefs d'oeuvre dans ce genre, et nous en avons rapporté un diable (enfin, il est arrivé 9 mois plus tard ! ;-) )
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le carnet vert
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