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le carnet vert
14 décembre 2007

au fond

J’écoute présentement un chroniqueur économique déblatérer à la radio, et voilà que je me revois sur les bancs du lycée. Qui n’étaient que de viles chaises en bois et tubulures métalliques d’un affreux vert tout écaillé.

Je n’ai pas pour habitude d’écouter les chroniqueurs économiques, non, surtout lorsqu’ils ne font que se laisser porter par le courant de pensée dominant, dans l’air du temps, comme ils disent. Malgré tout, je repère vite qu’ils s’adonnent facilement à des tics de langage. Ainsi celui-ci se plait-il à émailler son insipide récit de la formule « au fond ».

Au fond. Voilà ce qui ranime mes vieux souvenirs d’élève dilettante. J’ai hésité à écrire cancre, mais c’eût été de la frime, je n’ai jamais été un cancre, encore moins un cancre las.

Au fond. Voilà vraiment une formule de verbeux. Qui prononce ces mots, vraiment, dans une conversation ? Moi ? Vous ? Ca m’étonnerait. Je n’entends ceci que dans la bouche des chroniqueurs. Et des professeurs.

J’avais un prof, je ne sais plus lequel, qui s’adonnait à ce tic. Il répétait « au fond » à tout bout de champ, s’en gargarisait. Et moi qui était assis au fond de la classe, là où je me délectais des messages gravés par d’autres dans le bois de la table, là où se déroulaient toutes sortes d’activités parfois subversives, comme la circulation de joints, et immanquablement sans aucun rapport avec l’objet du cours, je sursautais, spontanément paniqué à l’idée qu’on puisse m’interroger, me sentant vaguement coupable, mais de quoi ? D’avoir les fesses sur ma chaise, et la tête ailleurs, je suppose. J’émergeais donc momentanément de ma rêverie, j’essayais de raccrocher les wagons, je saisissais une nouvelle salve de « au fond ». Bon sang, mais c’est bien sûr : le tic ! Alors, soulagé, je reprenais le fil de mon évasion.

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Commentaires
E
je n'y étais jamais, sauf en dernière année d'école primaire : au fond, tournée vers le mur.<br /> J'écouterai avec plus d'attention les chroniqueurs économiques. Au fond de quoi ? "Au fond", ma mère le disait très souvent. Ah, cela me fait penser à une autre expression que l'on emploie très souvent, vide de sens, ou alors avec un sens qui nous échappe, je ne sais plus laquelle.
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S
ben dame....c'était très permissif ton lycée ....
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