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le carnet vert
8 janvier 2007

clémentine

Ça sent le sapin. Qu’on se rassure, je ne me sens pas prêt à passer l’arme à gauche bien que je sois présentement encore la victime d’une mauvaise sinusite agrémentée d’une toux persistante. Non, mais ça sent le sapin. Vraiment. On m’objectera que c’est normal, puisque justement je cours le long d’une plantation de conifères. Et dans le brouillard. Alors oui, à cet endroit ça sent forcément le sapin d’habitude, mais ténu, voyez, de telle manière qu’on ne remarque pas spécialement l’odeur. Surtout en courant. Alors là, comme ça sent le sapin, je me dis qu’il y a quelque chose d’anormal, et de fait, en passant (en courant) devant une laie séparant deux parcelles, j’aperçois un arbre tombé, et je me dis qu’il s’est peut-être abattu récemment, que le froissement multiples de ses aiguilles dégage encore quelques essences.

Ça m’étonne toujours que, même en étant victime d’une mauvaise sinusite, je perçoive comme ça des odeurs que tout le monde ignore. Enfin c’est une impression, parce que là, je suis seul à courir le long de cette plantation de conifères.

Ça me rappelle jeudi matin, dans le bus. Je somnolais, assis vers l’avant, enfoui dans mes pensées, assez peu attentif au va et vient des voyageurs, et même des voyageuses. Soudain je sursautai. Mes narines se trouvaient assaillies par un effluve reconnaissable entre mille. Quelqu’un épluchait une clémentine. Je détaillai discrètement les passagers qui m’entouraient, je me retournai. Rien. Pourtant ça sentait bel et bien la clémentine. Force était d’admettre que cela se passait au fond du bus, qu’un type, ou une jeune fille, ou un enfant (allez on va dire une jeune fille, par convention, qui aurait eu encore un pied dans le sommeil, qui n’aurait pas eu le temps de déjeuner…) fait une entaille dans l’écorce avec l’ongle de son pouce… J’imagine un fruit comme je les aime, c'est-à-dire charnu, à la peau fine, pas trop facile à ôter (vous savez bien que celles qui sont faciles à éplucher, avec comme du vide entre l’écorce et les tranches, n’ont aucun goût, voire un arrière goût éthéré assez rebutant). J’imagine un fruit bien rond, luisant, d’un bel orange vif… Tiens, tel celui du levant qui ensanglante une façade de verre et d’acier, dans le prolongement du fleuve, et allonge son reflet jusque sous le pont de Sully.

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Commentaires
P
Et en te lisant, j'ai les glandes salivaires qui entrent en action :-)
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S
Hum...j'adore l'odeur de la clémentine, ça sent bon le fruit et le souvenir tout à la fois....mais je préfère celle dont la peau se détache ! Je te promets qu'il en existe qui sont juteuses et goûteuses !
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le carnet vert
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