argentina
Il n’est pas encore six heures. Je fais griller du pain. Et pendant ce temps, dans la radio, un journaliste commente les émissions de télé de ce soir. Je n’écoute pas trop ce qu’il dit, pensez, il n’est même pas six heures. Et soudain, je l’entends pourtant affirmer qu’il est déçu, que le reportage s’appesantit sur les chats de la ville et que c’est dommage parce qu’il y aurait sans doute beaucoup mieux à montrer sur la ville éternelle.
Peut-être.
N’empêche que les chats de Rome ne sont pas un mythe. Je les ais vus.
Les présentoirs de cartes postales regorgent de vues des hauts lieux de la ville, des plus belles places, des ruines antiques, invariablement occupés par des chats. Je ne sais pas si c’est très réaliste, je n’ai pas cherché à débusquer partout la présence de ces bestioles velues. Ce dont je me souviens bien en revanche, c’est d’avoir parcouru un dédale de ruelles plus ou moins étroites et de déboucher soudain dans un espace bien plus lumineux, non loin du Largo Argentina, un carré de fouilles inaccessibles bien nommé area sacra, habité par une poignée d’archéologues prenant notes et mesures. Et par des chats. Des dizaines de chats de toutes tailles et couleurs vagabondant de ci de là en toute quiétude et auxquels personne ne semble porter attention, comme s’ils étaient une partie immuable et néanmoins mouvante de l’environnement.