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le carnet vert
29 novembre 2006

les photographes

P1020251

Des rues pavées en contre-jour.

Un homme saute de joie.

Regards divers des passants sur un tableau dans une vitrine, une femme nue de dos. Des fesses.

Des réverbères au halo trouble dans une brume nocturne.

Des enfants courent dans la rue pentue d’un village espagnol. Ils rient.

Un boulanger sort son pain du four. Une énorme miche. C’est comme si on le voyait faire le geste, essuyer la lame effilée, empoigner la miche brûlante d’une main et en couper une large tranche, un sourire de satisfaction éclairant son visage, la satisfaction du travail bien fait, et le regard fier et bienveillant de son épouse.

Des amoureux qui se bécotent devant l’hôtel de ville, chacun connaît cette image, ou dans d’autres lieux de la capitale.

Ainsi ornent les murs de la grande bibliothèque des centaines de vues fixées sur la gélatine par de grands noms de l’image, et d’autres moins connus.

On sent un regard empreint de tendresse.

On apprend à trouver du charme à tout lieu et à tout visage humain.

Photographie humaniste, justement. Exposition bienvenue (à voir dans les locaux de la bibliothèque nationale, rue de Richelieu).

Un peu plus tard.

La rue de Richelieu, la place Colette, la rue Saint-Honoré baignent dans cette atmosphère orange que diffuse l’éclairage public. Un impression de mystère accentuée par le mince crachin poisseux qui tombe ces jours-ci sur la ville sans guère discontinuer, et qui rend les passants pressés, sinon furtifs.

J’ai retenu la leçon des photographes : les lieux que je traverse me semblent exprimer la poésie. Même les devantures sans intérêt des magasins de chaussures que j’aperçois de la vitre du 21 remontant le boulevard Saint-Michel. Pourtant diable sait que je détestais cette artère quand j’étais jeune. De même les gens me semblent tous dignes d’être regardés, écoutés d’une oreille bienveillante, y compris cette vieille au visage chafouin, dans le bus, qui coule des regards obliques et désapprobateurs vers une jeunette à lunettes.

Ce soir les bancs publics sont mouillés et n’accueillent que des feuilles de platanes collées par le vent.

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Commentaires
S
Et cette lumière et souvent dans les yeux de celui qui regarde
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B
Une certaine lumière rend les paysages et les gens plus beaux...
Répondre
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