petite mer
Assis sur un muret je regardais l’eau calme à mes pieds, animée de si peu de rides qu’on aurait cru dominer la surface d’un étang. Quelques oiseaux marins fusaient en criaillant. Sur la droite se dressaient les mâts de quelques embarcations de plaisance. Au sommet de l’un d’eux, une mouette resta perchée longtemps, tant et si bien que je relevai son défi et la fixai sur la carte mémoire de mon troisième œil. Devant nous, au ras de l’eau, se dressaient les masses sombres de quelques îlots, que le crépuscule s’apprêtait à engloutir. Des barques de pêches restaient ça et là au repos : on était dimanche. La seule activité visible était celle des promeneurs qui, comme nous, malgré le temps couvert, profitaient de la douceur exceptionnelle de ce soir d’automne en déambulant sur le sentier côtier.
J’étais impressionné par tout ce calme, cette paix. Je n’avais jamais vu un morceau de mer aussi inerte, même protégé de la houle par une succession d’îles et de presqu’îles. Cela m’a fait penser à cette expression de mer d’huile qu’on emploie souvent dans ce genre de situation et qui m’a semblé bien saugrenue. En effet pourquoi de l’huile ? La mer ne me fait jamais penser à de l’huile, et je préfère ignorer les flaques moirées qui ornent parfois l’eau des ports, ou alors au contraire mettre leurs couleurs irisées en valeur auprès des coques fraîchement peintes. A moins que l’huile se veuille être synonyme de calme dans l’imagerie populaire ou littéraire, auquel cas l’origine de cette représentation m’échappe quelque peu.