girolles
Le pays des pierres dorées croulait sous la canicule. Imaginez : la nuit, nous laissions les fenêtres ouvertes, histoire de créer un courant d’air, je me levais parfois pour boire un verre d’eau tiède pris à l’évier de la cuisine, et je ne manquais pas de jeter un œil au thermomètre accroché près du buffet. Je constatais avec accablement que le mercure était péniblement descendu à 31°.
Parfois un orage venait rafraîchir l’atmosphère, ça ne durait pas longtemps, le ciel plombé virait au blanc aveuglant. Je transpirais.
Ce n’est qu’au dernier jour des vacances que la température a réellement fléchi. Il a plu. En soirée, on voyait les sommets environnants tout empêtrés dans des masses cotonneuses qui s’effilochaient lentement.
Nous sommes allés manger des crêpes dans un village voisin, on nous avait conseillé l’adresse. Nous n’étions pas en Bretagne, le restaurateur ne faisait pas semblant : pas de galettes au sarrasin, donc, mais des crêpes de froment. Tandis que nous examinions la carte, un type est entré et s’est dirigé vers la cuisine, chargé d’un cageot de girolles. Voyant cela, notre choix était vite fait. Rien que d’y penser des années après, je nous imagine en personnages de dessin animé, vous savez, le loup de Tex Avery, les yeux exorbités et la langue pendante. Bon, d’accord, un cageot de champignons n’est pas une belle fille, mais que voulez-vous, nous sommes de la gueule, comme on dit.