exil volontaire
Métro ligne 13, un lundi matin. Sans être bondée réellement, la ligne jouit néanmoins d’une belle affluence.
La foule se presse autour de moi. D’une main je tiens mon cartable. De l’autre j’agrippe une barre verticale, ce qui me donnera envie de me laver les mains le plus tôt possible.
Fidèle à mon habitude je regarde les gens qui m’entourent. Sans insistance particulière. Simplement pour reconnaître qu’ils sont là, qu’ils existent. Je ne croise pas beaucoup de regards. Chacun est plongé dans la lecture d’un roman ou d’un journal. L’un d’eux fait des mots croisés. Certains ont le regard ailleurs, ils sont plongés dans leurs pensées.
Ce qui me gêne le plus, c’est que la moitié au moins des voyageurs arbore sur les oreilles les écouteurs de leurs boites à musiques. Ceux là n’ont pas le regard ailleurs, ils n’ont plus de regard. Ils sont recroquevillés à l’intérieur d’ex-mêmes.
Je ne peux m’empêcher de penser que pour eux je n’existe pas, que je ne suis qu’une silhouette vaguement gênante. Leurs écouteurs affichent ostensiblement q’ils sont là, certes, mais qu’ils se sont volontairement coupés du monde, qu’ils n’y sont pour personne, il ne faut pas les emmerder, non mais.
Et cela me choque.