Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le carnet vert
9 août 2006

à la pêche

Dans ce village des confins volcaniques du Massif Central, maintenant que le Tour de France était passé, une des occupations favorites des enfants de la famille Béa était de pêcher les cabutots dans les canaux d’irrigation.

J’imagine déjà les frémissements de curiosité parcourant l’assistance. Qu’allaient donc pêcher ces enfants ?

Rien que de savourer ce mot rigolo, cela me fait sourire. Une conversation préalable et néanmoins joyeuse avec la maman des garnements ne m’avait guère permis d’identifier la nature des bestioles en question. Je savais seulement qu’il ne s’agissait ni de poissons, ni de crustacés, et encore moins de mollusques.

Une démonstration s’imposait donc.

Les gamins se coiffèrent de bobs aux bords retournés, à cause du soleil qui tapait fort, et se munirent de filets à long manche et d’une baignoire pour bébé en plastique bleu décoloré. Ainsi équipés, ils prêtaient déjà à rire. Ce que nous avons fait, bien sur.

Ils avaient leurs coins de pêche. Comme des pros. Au bord du premier trou, nous restâmes un moment à scruter le courant vif de la canalisation. Les bestioles grouillaient, mais pas trace de cabutots. Au bout d’un instant, ils avaient tellement remué la vase du fond avec des bâtons que de toute façon on n’y voyait plus rien.

Nous montâmes un peu plus haut, dans un  coin ombragé et bucolique, à l’écart des dernières maisons. Dans le creux du ruisseau, un petit serpent s’attardait sous le soleil filtré par les frênes voisins. On partit à la recherche d’un bout de bois, ou quelque chose, afin de le faire fuir, mais le temps de se retourner il avait déjà disparu.

Les gamins suivaient le bord cimenté d’un canal d’irrigation, et bientôt on ne les vit plus, on entendait seulement leurs exclamations tandis que leur maman mitraillait les lieux avec son appareil numérique. Fugitivement j’ai regretté de ne m’être pas moi-même équipé, parce qu’évidemment j’avais plein d’idées dans les yeux. Soudain des cris de joie retentirent dans l’ombre des broussailles, et on vit revenir les enfants qui brandissaient fièrement leurs filets qu’ils déversèrent aussitôt dans la baignoire. Parmi les nombreuses feuilles et bestioles, on vit surnager un insecte trapu, d’assez petite taille et de forme vaguement ovale, le fameux cabutot. Pour un peu on se serait bien imaginé dans une jungle, à la recherche d’un fauve rare, les enfants jouant les Tartarin.

Plus tard, on apprit d’un livre illustré sur les insectes que « gyrin » était le vrai nom du cabutot (il s’avéra également que ce dernier mot n’avait rien à voir avec le patois local, mais était un terme du dialecte particulier des enfants de la famille Béa).

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Joli récit d'un instant pédagogique où les enfants sont le maître et l'adulte l'élève !<br /> Tout mon univers quotidien ! J'adore !<br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> P@sc@l
Répondre
F
cette annecdote,<br /> en la développant un peu et en l'illustrant, on en ferait facilement un petit livre pour enfants.
Répondre
S
Pas toi ? ;-)
Répondre
P
:-D
Répondre
S
euh....béatitude; ça me fait penser à une communauté ça plutôt !
Répondre
le carnet vert
Publicité
Archives
Newsletter
14 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 145 961
Publicité