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le carnet vert
1 juin 2006

préparatifs

Lorsqu’on rentre chez soi à 18 heures et qu’on a des invités pour le repas du soir, il ne faut pas garder les pieds dans le même sabot, comme on dit. Surtout si on n’a rien de prêt. Et même si les invités sont attendus pour pas trop tôt. Bon, d’accord, il y a plusieurs gradations dans le « rien de prêt ». Ou plusieurs degrés d’inconséquence. Ça dépend de la qualité de notre optimisme. En l’occurrence, « rien de prêt », ça signifiait que les choses n’étaient encore qu’à l’état de matière première, mais dieu merci, nous avions déjà décidé de ce que nous préparerions en entrée, en plat principal et en dessert. Et nous avions rassemblé les ingrédients nécessaires. Mais vous voyez bien, ça aurait pu être pire, on aurait pu avoir à fouiller avec frénésie dans les livres de recettes, extirper des blocs de viande du congélateur et les faire dégeler tant bien que mal au dernier moment, être obligé de filer en vitesse au super U pour y dénicher l’élément essentiel qu’on aurait oublié. Un vendredi soir, vous n’y pensez pas !

Soudain se sont trouvé rassemblés sur la table de la cuisine une épaule d’agneau mise à décongeler la veille, un paquet de lentilles vertes du Puy, un kilo d’asperges, une boite de curry, un ananas, une boite de lait de coco, des œufs, du lait, une mangue, des bananes, des pommes de terre nouvelles de Noirmoutier, du sel, de la farine, du poivre, une branche de romarin, un oignon, des queues de langoustines, une gousse de vanille, du beurre, de l’huile d’olive, du vinaigre aromatisé à la cerise, des épinards, j’en oublie peut-être, sans compter des objets parasite sans rapport avec la tâche à accomplir.

Nous nous sommes réparti le travail : à moi l’entrée et le plat, à Elle le dessert. Le dessert, c’est comme le mistrigri, on se le refile, aucun de nous n’aime le préparer. Mais dans le domaine, c’est moi le plus incompétent, et elle a refusé d’acheter un gâteau à la boulangerie. Fille n°3 nous a un peu avancés en détaillant en petits cubes l’ananas et la mangue avant de monter vaquer à d’autres occupations urgentes telles que répondre au téléphone. Ça nous a bien aidés, parce que découper les fruits est un exercice que je m’étais dévolu (bien que destiné au dessert), et que j’étais à l’avance agacé à l’idée d’avoir les mains dégoulinantes de jus poisseux, je n’aime pas ça.

J’essaie de me rappeler l’ordre dans lequel nous avons officié, au moins moi, mais ce n’est pas évident. Les actions se sont peut-être bien chevauchées, même. Disons qu’en premier je me suis attelé à désosser et dégraisser l’épaule d’agneau. Je pense m’en être sorti pas trop mal, il ne restait pas beaucoup de bribes de viande attachées à l’os. Ça m’a pris un peu de temps, hein, je ne suis pas boucher. Après… après, je me suis lavé les mains et j’ai regardé la pendule. L’heure d’arrivée prévue des invités étant 20h30, j’ai décompté le temps nécessaire à la cuisson des différents plats, notamment de la viande, mais aussi des légumes, ce qui m’a permis d’en déduire un ordre dans la préparation des ingrédients. Comme il restait en conséquence quelques minutes pour démarrer la cuisson, j’en ai profité pour éplucher les asperges et ôter la nervure centrale des feuilles d’épinards. Je les ai lavés. Pendant ce temps, Elle préparait une crème anglaise.

J’ai enchaîné en éminçant l’oignon. Lorsque la crème anglaise a été prête, j’ai pris le relais devant la table de cuisson. Dans une poêle j’ai fait fondre du beurre salé, j’y ai fait revenir les dés d’ananas et de mangue auxquelles se sont jointes deux bananes coupées en rondelles et j’ai saupoudré le tout de sucre roux non raffiné. Parallèlement, j’ai mis les lentilles à cuire dans une petite casserole d’eau.

J’ai décortiqué les queues de langoustine, puis je les ai poêlées non sans les avoir salées, poivrées, safranées.

J’ai préparé une vinaigrette : sel, poivre de Sélim, vinaigre à la cerise, une pointe de moutarde, huile d’olive et une goutte d’huile essentielle de thym.

Interlude. Là, maintenant, ou un peu plus tôt, je ne sais plus. J’ai déballé camembert, saint-marcellin, morbier, chèvre sec, chèvre frais, reblochon, tomme de Savoie, brebis de corse, et je les ai disposés sur un plateau que j’ai posé sur un bord de fenêtre, non sans avoir pris la précaution de le couvrir d’un linge propre.

Dans ma gamelle de compétition, j’ai saisi les morceaux d’agneau, sur toutes leurs faces, je les ai salés, je les ai saupoudrés de curry, j’ai mélangé, je leur ai adjoint l’oignon émincé et la branche de romarin. Dessus j’ai posé le légumier dans lequel j’ai mis les pommes de terre préalablement lavées, ainsi que les asperges. J’ai couvert, amené à la température requise, enclenché sur le minuteur le temps de cuisson ad hoc, et basta. A un moment, j’ai soulevé le légumier pour verser le lait de coco sur la viande.

Pendant ce temps, Elle préparait la pâte du crumble, elle étalait les fruits dans un plat allant au four, les recouvrait de ladite pâte et enfournait le tout.

Ouf.

Je me suis retourné, j’ai considéré d’un air las le désastre jonchant la table. Nous avons donc nettoyé, rangé, lavé ce qu’on pouvait laver, disposé une nappe… et bien oui, nous n’avons délibérément pas de salle à manger et nous mangeons donc dans la cuisine, même lorsque nous recevons. La pièce est quand même assez grande pour accueillir une douzaine de convives.

Allez je récapitule le menu : en entrée, une petite salade comportant des feuilles d’épinards, des asperges tièdes, des lentilles également tièdes, ainsi que des queues de langoustines, le tout accompagné de la vinaigrette présentée séparément dans un bol. En plat de résistance, un curry d’agneau agrémenté de pommes de terre nouvelles. Fromages. En dessert, un crumble aux fruits exotiques servi avec une crème anglaise délicatement vanillée.

Personne ne s’est plaint.

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Commentaires
P
oui, il y a un petit coté impro qui me plait bien <br /> ;-)
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D
Comme quoi la recherche opérationnelle c'est innée...en cuisine! ;)
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E
Tu m'étonnes que personne ne s'est plaint !! Slurp, j'en bave sur mon clavier...<br /> Et didon, bravo pour cette organisation au cordeau ! :-)
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P
Ma famille paternelle (extrèmement nombreuse) est berrichonne moi je suis un pur parisien (né et toujours resté) !<br /> <br /> ;-)<br /> <br /> P@sc@l
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P
Pascal, t'es un berrichon à Paris ?
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