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le carnet vert
23 mai 2006

reflux

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Les gamins, enfin je veux dire les étudiants, c’est bien connu, ça emménage en septembre dans de nouveaux studios, de préférence lors de journées représentatives d’une belle arrière saison pourvue de températures assez accablantes. De même les mouvements inverses se font en juin, voire en mai, mais toujours un jour de chaleur. Vous pouvez vous amuser à vérifier, c’est recta. Tout ça pour dire qu’hier, j’ai encore mouillé ma chemise. Enfin, mon t-shirt. Je dis encore parce que j’ai déjà donné avec fille n°2 il y a une poignée d’années. Ça se passait à Lyon. Et là, ça se passe à Bordeaux avec fille n°3. Chacun remarquera qu’elles n’ont pas choisi Cherbourg ou Rouen, les coquines.

J’étais sur l’autoroute, j’avais passé la Dordogne depuis un moment. J’ai attrapé mon petit téléphone pour prévenir ma fille que j’arrivais. Je sais, faut pas faire ça, mais il y avait des travaux, ça ne roulait pô vite. Soit dit en passant, vous aurez remarqué que les travaux routiers et autoroutiers, ça fait comme la végétation, ça bourgeonne au printemps, ça explose, même, ça exubère ! Bref, j’ai dit à la demoiselle que j’arrivais, que je serais là dans vingt minutes environ. Que présomptueux j’étais. Parce que des travaux, il n’y en a pas que sur les routes, ça gangrène aussi les rues des villes. Mais soyons rassurés, le conseil général, ou la ville, ou les deux, investit toujours pour notre bien-être : c’est écrit sur les panneaux. Et puis le feu près de la gare Saint-Jean débloquait, à peine vert il repassait au rouge, c’est pas comme ça qu’on avance vite. Pour la suite, comme par chance on était lundi, le marché des Capucins était fermé, ça faisait des encombrements en moins. Ça n’a pas empêché que pour trouver à stationner dans la ruelle de ma fille, ou même à proximité, macache, comme d’habitude. Donc direction le parking payant du susnommé marché des Capucins. Soulagé je suis enfin sorti à l’air libre, et là, j’ai commencé à suffoquer. Parce qu’à près d’onze heures, l’air était déjà chargé d’une touffeur orageuse inattendue. Entre parenthèses, c’est un piège cette bagnole, avec la climatisation automatique, on ne se rend pas compte de la température extérieure, on baigne dans une agréable douceur et dès qu’on arrête on est surpris par la chaleur, ou au contraire par un froid de canard. Bon, avec tout ça et l’un dans l’autre, je suis arrivé avec une bonne demi-heure de retard sur ce que j’avais annoncé à 15 kilomètres de là.

Sans attendre j’ai ôté ma veste et je me suis mis à l’ouvrage. C’est-à-dire que j’ai débarrassé son bureau de ce qui y traînait encore, que je l’ai retourné pieds en l’air, que j’ai empoigné mon tournevis cruciforme et entrepris de démonter les pieds. A raison de 5 vis par pied, ça nous fait 20 vis. Solidement serrées, parce que quand on monte les meubles on fait en sorte que ça ne banquille pas, surtout quand on sait qu’on va poser dessus ordi, écran et compagnie. (banquiller : verbe de patois familial signifiant, pour un objet censé être stable, bouger parce que c’est bancal). Vous aurez compris que les vis ne se sont pas dévissées toutes seules et que malgré la fenêtre ouverte la sueur perlait déjà sur mon front. Que j’ai épongé avec un mouchoir. Et je me suis appliqué à ne pas accélérer trop le rythme de l’action afin de ne pas empirer les choses. Parce qu’il faut le savoir, j’ai horreur de transpirer et j’ai horreur de récolter des gouttes de sueur sur mes lunettes.

Il a fallu encore débrancher l’ordi et ses différents accessoires, regrouper les cordons et les prises ; monter sur une chaise pour décrocher les rideaux ; démonter un autre meuble sur lequel était posé le four ; emballer des trucs dans des cartons… Bientôt il était midi, l’heure de faire une pause avant de charger tout ça dans la voiture. Et bien oui, il faut bien manger, hein. Pour commencer nous sommes partis en quête d’une boulangerie, non dans le dessein de faire des sandwiches mais pour acheter du pain pour le soir. Ainsi avons-nous descendu la rue du Mirail, traversé le cours Victor Hugo et sommes nous passés sous la Grosse Cloche, plaisir chaque fois renouvelé. Le soleil même voilé faisait étinceler le pavé et donnait de l’éclat aux pierres blondes des façades récemment ravalées.

De retour dans la rue du Mirail, nous sommes entrés dans un restaurant où nous nous sommes construit un semblant d’habitude. Il y faisait frais. Le jazz qui s’écoulait des hauts parleurs y était bon. La cuisine aussi. Pour dix euros chacun, on nous servit des plats pantagruéliques et d’honnêtes desserts. Pour ma part j’ai opté pour un plat emblématique de la cuisine bordelaise, à savoir une bavette à l’échalote, que j’ai fait suivre d’un pudding servi avec de la crème anglaise.

Bon ben c’est pas tout ça, mais il a fallu y retourner : je suis allé chercher la voiture au parking, je l’ai garée au plus près de chez ma fille, là où c’est défendu, mais on n’a pas le choix (ou plutôt si, on a généralement le choix dans un assortiment restreint d’emplacements de toute façon défendus). Au cas où ça donnerait des boutons à des irascibles, police municipale comprise, j’ai mis les feux de détresse et déposé sur le tableau de bord un papier disant qu’on déménageait, merci de votre compréhension. Compte tenu du volume de la voiture, on pouvait bien se douter qu’il n’y en avait pas pour longtemps. J’ai encore sué sang et eau pour descendre tout les trucs dans la rue et les enfourner dans la voiture. Puis nous sommes partis. Il était quatorze heures.

Arrivés à la maison, j’ai sué sang et eau à ressortir les affaires du coffre et à les ranger où je pouvais, à revisser les pieds du bureau, à poser l’ordi dessus ainsi que ses périphériques, à rebrancher tout ça correctement, à déplacer divers meubles et objets… jusqu’au jour où elle re-déménagera vers un ailleurs que nous ne connaissons pas encore.

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Commentaires
D
Pourquoi n'ai-je pas lu ta note avant (ah oui j'étais en w-e et ensuite un peu affairée)? Hier je suis allée Rue St James, tu sais...et ensuite nous cherchions ma nièce, mes deux petitiotes et moi un petit restau sympa...Que nous n'avons d'ailleurs pas trouvé, donc pour ma prochaine "virée" bordelaise j'irai manger dans sa cave à Jules ;)
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B
très amusante description d'une journée pas comme les autres !
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C
Ben à quoi ça sert les parents, sinon?
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P
mais bien sûr ! <br /> je ne connais pas de grosse cloche en chair et en os.<br /> mdl
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S
Ben je me demandais de QUI tu parlais si aimablement.... ;-)<br /> mdl
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