sculpture
Il y avait cette exposition au Centre Régional d’Animation. Une exposition d’œuvres d’artistes amateurs. Le genre d’endroit que parfois on parcourt, des yeux et des jambes, avec résignation sinon accablement. J’étais là. Autant donc tirer de ma présence en ce lieu le meilleur parti possible. Profiter. Essayer de dénicher de quoi me ravir les yeux. Vaste programme.
Et puis il y a eu cette vieille dame. Elle nous a présenté les œuvres de sa fille, récemment décédée dans un accident. Des formes de pierre très sensuelles. Des formes qui évoquaient parfois des seins de femme, des fesses, des formes sur lesquelles on avait envie de poser la main. La vieille femme nous invitait d’ailleurs à faire ainsi. Et nous ne l’avons pas fait.
Nous l’écoutions parler. Le besoin de parler. Je la regardais parler. Insensiblement, de douloureux, presque brouillé de larmes, son regard devenait vif et chaleureux. Elle nous parlait des pièces présentées, une à une, elle expliquait dans quelles conditions elles avaient été réalisées, dans quelle minéral elles étaient modelées, elle racontait les engagements de l’artiste. Des poèmes étaient accrochés aux cloisons du stand, que j’essayais vainement de lire. La vieille dame s’en rendait compte et nous en récitait d’autres, c’était impressionnant qu’elle connaisse ainsi par cœur les mots de sa fille.
Avec nous elle se sentait en confiance, j’imagine, et se mettait à nous parler d’elle-même, longuement. Richement.
Oui, richement, car ce fut riches de cette rencontre inattendue que nous sommes ressortis de cette exposition qui nous semblait insignifiante a priori.