mouton
Nous vivons dans une ville de moutons. Ou tout du moins la ville est cernée de faubourgs à moutons car, il faut le savoir, le bétail s’aventure encore fort peu dans le centre. J’ignore d’où viennent ces ovins facétieux. Ils ont été collés çà et là sur des murs, des vitrines de locaux désaffectés ou pas encore affectés, des transfos électriques et éclectiques, des poteaux, des feux tricolores… les stabulations urbaines sont multipliables à l’infini. Qui a collé les moutons ? Bonne question. Je ne connais pas la réponse.
Il faut ouvrir l’œil. Le mouton se livre volontiers à qui se montrer curieux, mais il sait aussi se fondre dans le paysage et passer inaperçu. Le mouton est généralement imprimé de guingois à l’encre baveuse sur un papier semblant de piètre qualité.
L’effigie du mouton se décline en divers formats, du petit rectangle genre flyer à la grande affiche, de la taille de celles qui annoncent le concert d’un chanteur méconnu ou le tournoi de belote de l’APE. Le mouton véhicule-t-il un message ? Bien malin qui connait la réponse, car ce mouton-ci est le plus souvent muet. Toutefois j’ai déniché ceux-ci, collés de travers sur un pilier destiné à interdire l’accès des véhicules à un chemin destiné aux piétons. Deux moutons sur le même support, voilà qui est une rareté. Un mouton blanc et un mouton noir, s’écriant de concert, je ne suis pas raciste, mêêêêêêêêêê !
Elle a dit, j’ai repéré un mouton je ne sais plus où. Bien. Et voici que samedi après-midi, nous apercevons ladite bestiole au bord de la route, accompagnée d’un support anguleux sur lequel on a écrit « consomme ». Con sur une face et somme sur l’autre. J’aime bien. Je laisserai le lecteur extrapoler lui-même sur l’équation Con+somme= consomme. La lectrice aussi, pas de jalouse. J’imagine qu’on va me reprocher de ne pas montrer de photo de ce mouton-là. Mais aussi, allez vous arrêter au beau milieu de la rocade pour un tel enfantillage, vous ; notamment lorsque vous êtes sur la voie de gauche. Le problème de nos moutons, c’est qu’ils paissent généralement dans des lieux où on peut difficilement s’arrêter au débotté. C’est pourquoi le mouton photographique s’exporte mal. En tous cas, n’étant pas fana de gigot à l’ail, je souhaite une longue vie d’humour à nos moutons rigolos.