l'odeur de la vache

Les soirs s’étirent, chaleureux et lumineux. Dans la pénombre du crépuscule, l’orge blondit déjà, prometteur de moisson prochaine et des lourds parfums exhalés par le grain. À la sortie du bourg, vers chez nous, le toit ouvrant révèle que la campagne sent la vache. N’importe qui en serait étonné. Aucun bovin visible dans les prés. D’ailleurs on ne distingue aucun pré. On persiste à préférer ensemencer du maïs là où il n’y a pas d’eau. Personnellement je sais ce qu’il en est des vaches. Les pauvres n’ont jamais vu la couleur de l’herbe. Elles sont parquées à vie dans une stabulation soi-disant moderne. Ferme modèle, dit-on même. Les vaches n’ont jamais vu non plus la couleur de la nuit, elles ont de la lumière vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ce ne sont que des bestiaux. Néanmoins leur sort m’attriste passagèrement. Notamment parce que l’odeur me rappelle le bon vieux pays, avec son herbe grasse à perte de vue, habitée par de débonnaires montbéliardes. Te souviens-tu ? Le dimanche nous montions du côté du Revermont. Nous avions déniché un oratoire en belvédère. Nous en avions fait un refuge, une de nos balises, même si nous n’y sommes montés que deux ou trois fois. Tu fumais une gauloise tandis que nos regards se noyaient dans la plaine infinie. Nous observions le scintillement des pare-brise, au loin, filant dans le couchant. Le soleil disparaissait soudain derrière la ligne sombre de la Côte d’Or. Nous restions encore un peu, enlacés, jouissant du spectacle, ne voulant pas en perdre une miette. Puis nous repartions en ville, les vitres de la 4L grand ouvertes, nous gorgeant des odeurs. Nous traversions des villages aux rues constellées de bouses. Après la traite, les bêtes retournaient aux prés. Cela sentait la vache.

Comments

[Mr-He]

Bonjour

un ti coucou en passant

je te souhaite une très bonne journée

amitiés

Mr-He