vercors
Nous cheminions parmi les hêtres. Il n’était pas encore question d’orchidées, même si nous avions espéré. La veille, nous avancions au fond des gorges, sur le côté ensoleillé de la rivière, les vitres de la voiture en partie baissées, heureux d’entrer dans un début de printemps prometteur (les promesses n’engageant que ceux qui les écoutent, comme chacun sait).
La hêtraie était encore nue. Là-haut, l’hiver n’avait pas encore fini d’œuvrer. Nous dénichions peu de fleurs à photographier. Seules les mousses et les faines germées trouvaient grâce à nos yeux.
Au bout du chemin, nous avons découvert une cascade. Un torrent jaillissait de la falaise et s’élançait à la conquête de la vallée, loin en bas.
Nous étions émerveillés. J’ai toujours aimé voir les cascades. Et les entendre. J’étais servi. J’ai figé l’eau sauvage. J’ai laissé courir l’écume. Comme toujours j’étais impatient d’en voir le résultat.
Nous sommes remontés au village lentement, abasourdis, heureux d’une saine fatigue. Le printemps nous souriait. À partir de ce jour nous pensions pouvoir respirer librement, c’était une impression.
Or, l’après-midi même, il neigeait.