couchant
Sortir ? Sans arrière-pensée, je sors. Dos douloureux mais cœur guilleret, parce que le soir. Des bribes de froidure s’agrippent à moi, telles des ronces. Je me débats. Je ferme mon manteau. Je verrouille à double tour. Pas de ça chez moi. Et pourquoi pas des idées noires, tant qu’on y est. Le trottoir m’emporte. Des dizaines de mètres de gris sans âme, croit-on. Sauf que.
Il suffit parfois de lever les yeux. Un hasard ou un sixième sens indique la bonne direction. Au bout de la rue, au bout du monde, un lampion, une orange géante, un soleil. De la chaude lumière en partance pour les ombres. Déjà les silhouettes ternes des immeubles, sur l’autre bord de la vallée, semble vouloir l’avaler. Il s’en faut de peu, quelques secondes, peut-être des minutes, qu’on peut dénombrer sur les doigts d’une main, quelques rougeoiements de vitres, un liseré joyeux sur le dessus des arbres, du gris qui se colore d’urgence, des cirrus rieurs. Et puis tout s’éteint.
9 décembre 2013