le gingko fantôme

Froid est le vent. Et le ciel ? De diamant. Cassant, pas cassable. Mains au fond des poches, lunettes embuées, je sors, j’avance à grands pas, au hasard des rues, juste pour passer le temps alors que d’autres se contenteraient d’un coin de radiateur.

Du regard je sonde parcs et jardins alentour. Rien. Je cherche un ginkgo biloba. Je ne trouve que chênes et érables, certes décoratifs. Pourtant les feuilles jonchent sans ordre apparent les marches asymétriques du théâtre. Des tranches d’or sur de la fausse pierre. Ou peut-être vraie, après tout. Quoi qu’il en soit, pour parvenir à ce résultat urbain, il convient forcément d’éventrer une montagne quelque part.

La part du rêve : on a tapissé les vraies marches en fausse pierre conduisant à l’auditorium, où souvent sévit du vrai bruit, et on paie pour ça. S’agit-il de fausses feuilles ? Ou de vraies feuilles de faux ginkgo ? L’aspect aléatoire de leur disposition me plait.

La part du cauchemar : j’ai entendu cette nouvelle comme quoi la lavande était malade, quelque part au sud. C’en sera fini des monts bleus. Ils se griseront. Et si les ginkgos s’anémiaient aussi ? Si le jaune d’or désertait les quais et les escaliers ? Rassurons-nous, tant qu’il y a du béton il y a du désespoir.

26 novembre 2013

Comments

[caro_carito]

j'aime beaucoup la phrase de fin.