romantique
Demain je serai romantique. Je ne suis pourtant pas un esprit tourmenté. Je ne pense pas, même si j’ai le sommeil léger. Vous savez quoi ? Lorsque l’insomnie me guette, je ne broie pas du noir, enfin pas souvent. Je préfère voyager.
Pour ce qui est de broyer du noir, je recommande plutôt de se plonger dans les albums d’André Franquin.
Demain je serai romantique. Je ne voyagerai pas loin, mais je voyagerai. Une heure et demie de route. J’aurai tout le temps d’essayer de me souvenir de la mort du loup. Enfin ça, je sais que c’est impossible. Le lycée est bien loin et n’a jamais abondamment abreuvé ma mémoire. Quant à apprendre un texte par cœur, il n’a jamais fallu y songer. Même un texte court, même une chanson. Je ne sais pas apprendre par cœur. Je tiens au chaud, dans la couverture de mon agenda, les paroles de « que serais-je sans toi ». Parfois je les lis, et un frisson ma parcourt l’échine. C’est notre chanson. Je l’entends, je fredonne l’air, voire le refrain, mais je ne vais pas plus loin.
Je serai romantique, car je dois me rendre dans un lieu qui fut la demeure d’Alfred de Vigny, que j’ai d’ailleurs visitée voici quelques années, et où j’avais appris avec intérêt la manière dont on élaborait le pineau des Charentes (soit dit au passage, ce pluriel m’indispose : il n’existe qu’un fleuve de ce nom). Le manoir du Maine Giraud a judicieusement été choisi en sa qualité de haut lieu littéraire, afin que s’y déroule l’assemblée générale de l’association d’auteurs régionaux à laquelle j’ai récemment adhéré. Dieu merci, la réunion a lieu le matin, pas à l’heure de la sieste. Néanmoins pourrai-je empêcher mon esprit de vagabonder ? En souvenir du loup et des bancs de l’école.