découverte
Il a plu. Fort. Heureusement nous n’avons pas étendu le linge dehors. Ce soir Monsieur Miele se chargera de souffler dessus, dessous, dedans. Il a plu tant et si bien que j’ai fortement hésité, pour ma promenade digestive quotidienne. Repu, j’ai posé un pied prudent sur le perron de la cantine. Tendu une main, dos au ciel. Gris, très gris. Pas de trace d’humidité intempestive. Je décidai donc de descendre prendre rendez-vous chez le coiffeur. Chacun d’entre vous se rappelle que je travaille dans une ville pentue, n’est-ce pas ? Voilà pourquoi je suis descendu. Et voilà pourquoi je devrais remonter. Peinant d’avance, rien qu’à l’idée. Espérant toutefois que l’opération aurait raison d’un soupçon de mon embonpoint. Voilà pourquoi je me rendis en chair et en os chez le coiffeur afin de prendre rendez-vous plutôt que de téléphoner. Je consomme très peu de téléphone, de toute façon, pas plus que du ricard. Je n’aime pas le ricard, en fait. Bref, rendez-vous pris, je souhaitai bonne journée au figaro et me lançai à l’assaut du grand escalier remontant en ville. Bien m’en a pris, à part la suée et le souffle court, et même justement, ma lenteur m’a servi : mes yeux ont en effet découvert une mosaïque décorative qu’ils n’avaient jamais perçue, et plus haut, un motif en stuc totalement inconnu. Je me suis dit que c’était effarant de pratiquer une ville pendant plus de trente ans, de passer quotidiennement par les mêmes itinéraires, et d’y faire encore des découvertes.